Dans de nombreux départements de l'ouest, de mémoire d'éleveur, la sécheresse 2010 est l'une des plus sévères, notamment par sa durée. L'automne 2009 sec n'avait déjà pas permis de pâturer à cette période : une perte évaluée à 1,5 t/ha. Ensuite, l'hiver a été tardif : pas d'herbe avant avril et le mois de mai inhabituellement sec. Enfin, il n'a plu que quelques millimètres en juillet. « À fin août et depuis septembre 2009, j'estime la perte de rendement en herbe de 3 à 3,5 t/ha », avance Didier Désarménien, de la chambre d'agriculture de la Mayenne. Sébastien Maubert, éleveur laitier à Voutré (Mayenne), avec 70 vaches sur 106 ha, fait la même constatation. « Sur les prairies, il n'y a eu aucun deuxième passage. Les vaches sont en ration hivernale depuis le 1er mai. Nous avons fait 10 balles de foin au lieu des 90 à 100 habituelles. J'estime la perte en herbe à 50 % », poursuit-il.
Les surfaces en maïs fourrage ont également souffert. La perte estimée est variable : 20 % en situation favorable et jusqu'à 70 % en terres légères.
« Il me manque 200 t de MS d'ensilage-maïs »
Sébastien Maubert cultive chaque année 48 ha de maïs pour un rendement moyen de 10 à 11 t de MS/ha. « Cette année, nous plafonnerons à 6 à 7 t/ha et nous ne sommes pas les plus à plaindre dans le département. » Didier Désarménien a fait une simulation simple pour une exploitation de 50 vaches et 80 UGB, qui aurait perdu 3 t/ha de rendement sur le maïs et 3 t/ha sur les prairies. « Cette exploitation a besoin chaque année de 350 t de stocks, dont 50 t de sécurité. Elle aura perdu cette année 150 t. Son déficit est donc de 100 t, soit 20 UGB impossibles à nourrir. » Ce déficit va creuser les trésoreries et pourrait annuler l'augmentation attendue du prix du lait. « En se plaçant dans l'hypothèse favorable où cet éleveur peut acheter 20 t de paille pour ses génisses à un tarif convenable de 60 €/t, et 8 ha de maïs-ensilage à proximité de son exploitation au tarif de 81 €/t (soit 900 €/ha), il faudra y ajouter 10 t supplémentaires d'aliment concentré, soit un surcoût total estimé à 11 700 €.Pour un quota de 370 000 l, cela fait 31 €/1 000 l. » Il reste l'espoir d'une pousse d'herbe automnale conséquente. Cela pourrait apporter 1,5 à 2 t/ha de MS. « Je vais semer 8 à 10 ha de RGI au lieu de la moutarde sur les couverts végétaux. Ensuite, les prairies à renouveler seront faites en ray-grass hybride, et non en ray-grass anglais pour avoir un pâturage précoce et une bonne coupe d'ensilage au printemps prochain », explique Sébastien Maubert. Ce déficit fourrager se télescope avec la possibilité, cette année, de produire plus de lait (2 % de quotas et les allocations provisoires). « Nous avions prévu de produire + 5 %, il n'est pas certain que nous y parvenions », explique Sébastien. Didier Désarménien, lui, s'interroge sur l'intérêt économique de produire cette rallonge dans ces conditions. « Tout dépend du prix du lait et de l'aliment. Avec un prix du lait estimé à 320 €/t pour les six prochains mois, si l'éleveur doit acheter des vaches en lait, le fourrage, le concentré et la paille pour les nourrir pendant huit mois, nos premières estimations montrent qu'il ne gagnera rien.»
DOMINIQUE GRÉMY
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