L'étude réalisée par l'Institut de l'élevage (IE), à la demande de l'interprofession (Cniel), sur les différentiels de compétitivité entre les productions laitières allemande et française, est sur le point de s'achever. Elle sera présentée en octobre, mais plusieurs pistes ont déjà été explorées. En préalable, on distingue en Allemagne trois modèles de production pour un total de 95 000 producteurs. Au nord, des exploitations dynamiques avec des troupeaux de 65 vaches en moyenne, affichant une volonté de croissance. Au sud, des exploitations de taille modeste (25 vaches), qui résistent grâce à la pluriactivité ou à l'agrotourisme, et soutenues par des aides régionales. À l'est, des grosses structures (200 VL) qui profitent d'une main-d'oeuvre bon marché.
Dans cette diversité, l'IE a identifié plusieurs sources d'avantages concurrentiels avec la France.
D'abord, le Sonderprogramm, l'équivalent de notre plan d'urgence, a déployé 400 M€ pour la production laitière en 2010 et 2011. Il comporte trois volets : une prise en charge partielle des cotisations d'assurance, une prime à la vache laitière de 21 € (soumise au règlement de minimis avec un plafonnement à 7 500 € par exploitation sur trois ans), et une prime à l'hectare d'herbe destinée à la production laitière de 37 €.
À ces coups de pouce ponctuels s'ajoute une fiscalité que l'on peut juger a priori avantageuse.
Le producteur allemand facture une TVA de 10,7 % sur son produit et paie une partie de ses intrants (notamment les aliments) avec un taux de 7 %. Le solde positif reste dans sa poche. Est-ce un énorme avantage ?
« C'est moins le cas en production laitière qu'en production porcine, constate l'IE. Et la TVA à 19 % sur les investissements pénalise ceux qui se modernisent. Nous estimons le bonus à 1 % du chiffre d'affaires et cela varie en fonction du prix du lait et du niveau d'investissement. » Autre avantage souvent pointé : l'énergie renouvelable, en particulier le biogaz, avec des tarifs de rachat de l'électricité rémunérateurs. Il y a plus de 5 000 installations de biogaz en Allemagne qui assurent un revenu garanti à certains éleveurs laitiers. En contrepartie, la concurrence entre le maïs-fourrage et le maïs-biogaz est vive et dope le coût du foncier.
Une volonté d'exporter
L'étude de l'IE s'intéressera aussi aux aides à l'investissement qui peuvent atteindre 30 à 35 % des dépenses engagées. Le mode de succession où le JA allemand dédommage faiblement ses cohéritiers est un autre atout, mais aussi une législation sur les installations classées qui serait moins contraignante.
Ces avantages concurrentiels sont à mettre en parallèle avec une filière qui affiche sa volonté de se développer à l'export et qui n'hésite pas à produire les volumes disponibles. « Vivement la fin des quotas », entend-on un peu partout. Pour autant, l'IE n'envisage pas une explosion de la production. « Les contraintes environnementales très fortes dans le nord, la concurrence des cultures énergétiques et le manque de capitaux disponibles à l'est seront des freins importants. »
DOMINIQUE GRÉMY
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