Après les Canadiens, les Suisses, invités par l'Apli, ont présenté leur organisation de marché aux Français.
Sortie d'un système très protecteur de contingentements en 2009, la Suisse a misé sur un regroupement des producteurs au sein d'organisations (OP) dans le but de négocier des contrats équilibrés avec les transformateurs. Un système qui ressemble au projet de l'interprofession française pour l'après-quotas. Forts de leur avance, des éleveurs suisses militant à l'EMB sont venus prévenir les Bretons, sur invitation de l'Apli : « Ne suivez pas cette voie, c'est une catastrophe. » Pour eux, ce système conduit à une intégration des producteurs, contraints à investir pour produire plus, et à une chute des prix, du fait de volumes volontairement supérieurs au marché. En un an, le prix suisse a reculé de 30 %. De nombreux éleveurs se sont endettés et sont condamnés à produire plus, un peu comme les Danois. La filière se retrouve dans l'impasse, avec des stocks de produits industriels dont il faut financer le dégagement. L'analyse est peut-être un peu simpliste car, en 2009, les prix ont chuté partout. La multiplication des OP (35) pèse aussi alors que la FSPL(1) en souhaitait cinq ou six connectées dans un pool national regroupant toute l'offre de lait. Mais certaines OP déjà constituées n'ont pas joué le jeu, craignant de se mettre à dos la laiterie avec laquelle elles avaient déjà un contrat sur du long terme.
Surproduction programmée
Les laiteries, irritées de voir les producteurs se prendre en mains, ont créé leurs propres OP, appâtant les éleveurs avec des contrats portant sur des volumes déconnectés des droits historiques comme du marché. La plupart des OP gérées par les producteurs s'en tenaient, elles, à des contrats proches des quotas historiques.
Ce sont donc les divisions des producteurs, mais aussi le manque de transparence dans la gestion des volumes, qui expliquent l'échec relatif du système suisse.
P. L. C. ET J.-M. V.
(1) Fédération suisse des producteurs de lait.
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