La sécurisation et le renforcement du rôle de l'interprofession ont été au coeur des propos du président sortant de la FNCL. Et pour cause, ils vont de pair avec le projet de volume/ prix différenciés défendu depuis plusieurs mois par les coopératives et auquel la FNPL s'est ralliée. Difficile en effet, d'imaginer une quelconque viabilité à ce projet si l'interprofession n'est pas a minima en mesure de diffuser des indicateurs des marchés, en terme d'évolution de prix et de volumes. « L'interprofession est l'écho de l'activité des entreprises et des producteurs. Elle résonne de leurs besoins. Elle construit les informations objectives au dialogue éleveurs-laiteries. Elle anime ce dialogue. L'interprofession est un outil profondément utile pour pallier à une dérive trop forte des marchés, pour éviter un alignement au prix mondial et pour préserver la répartition de lavaleur dans la filière », a rappelé Gérard Budin.
Reste à convaincre l'Europe du Nord déjà en ordre de bataille pour conquérir les marchés dans et hors UE, et qui n'ont aucun intérêt à voir une interprofession française se renforcer.
Bruno Le Maire attelé à faire bouger les lignes à Bruxelles
La réponse viendra des propositions concrètes que fera fin 2010 le commissaire à l'Agriculture, Dacian Ciolos, sur la base du rapport final du groupe à haut niveau (GHN) attendu en juin. Invité de la FNCL, Jean-Luc Demarty, directeur de la DG Agri qui préside ce GHN, a souligné que les marges de manoeuvre étaient étroites au regard du droit de la concurrence. Mais il a aussi laissé penser que les lignes pourraient bouger, deux camps s'affrontant sur ce sujet au sein du groupe à haut niveau. « Je ne dis pas que rien n'est possible, mais que tout n'est pas possible, a-t-il indiqué. Bruxelles n'autorisera jamais une interprofession à cloisonner le marché et à fixer de façon directe les prix ».
Pour tenter de bouger ces lignes, la FNCL peut apparemment compter sur Bruno Le Maire. « L'interprofession doit pouvoir continuer de diffuser des indicateurs des marchés. Dans le domaine financier, la Banque Centrale Européenne en donne chaque mois aux banques. Alors pourquoi n'y en aurait-il pas pour les marchés agricoles ? », s'est interrogé le ministre de l'Agriculture.
Toute la question est de savoir si Paris réussira à faire admettre à Bruxelles que la solution interprofessionnelle est adaptée à un pays comme la France où les entreprises privées et coopératives sont encore légion. La filière laitière française n'est pas dans la même situation que celle d'un petit pays comme le Danemark ou les Pays-Bas. La coopérative en situation quasi monopolistique qui y subsiste y fait office d'interprofession où l'on parle et fixe des prix et des volumes sans avoir à redouter les foudres de la DG concurrence. Ceux qui souhaitent le renforcement du rôle du Cniel n'en demandent apparemment pas tant. Finie l'ambition d'obtenir comme l'interprofession suisse une dérogation au droit de la concurrence pour maîtriser l'offre… il s'agit juste de pouvoir continuer de diffuser des indicateurs.
JEAN-MICHEL VOCORET
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