L' « annus horribilis » derrière nous ? Pas sûr

(©)

Les initiatives « Lait d'Ici » ou « Lait de France » n'ont pas franchement ralenti le rythme des importations de lait premier prix allemand.

Avec ce qu'elles se sont mis dans les poches en 2009 grâce au lait UHT, les GMS pouvaient bien faire un petit geste en faveur de la profession agricole : un accord de modération de leurs marges en cas de crise pour les fruits et légumes. Pile ce qu'elles n'ont pas fait depuis plus d'un an pour le lait de consommation ! Témoins ces chiffres connus de tous.

D'après l'Insee, les prix de vente sortie usine du lait UHT demi-écrémé, l'essentiel du marché du lait de consommation, après avoir perdu 2 à 3 % en janvier février 2009, ont plongé de 20 % fin mars sans jamais remonter ou presque ensuite. Selon le Cniel, sur 2009, le prix moyen consommateur de ce même lait n'a baissé que de 1,5 % à 072 €/l. Annus horribilis donc pour les transformateurs français. Non seulement, ils ont vu le prix de leurs briques et bouteilles de lait, vendues aux GMS, chuter de vingt points en s'alignant sur les laits premiers prix venus d'Allemagne. Mais ils ont aussi perdu des parts de marché : 61 000 t à l'export comparé à 2008 (- 16 %) et 72 000 t à l'import (38 %). Pour tenter d'enrayer ces importations massives, les deux leaders du secteur ont repris au bond l'initiative « Éleveurs laitiers de France » de la FNPL, en la déclinant sous la marque « Lait d'ici » chez Sodiaal- Orlait, et « Lait de France » chez Lactalis. Pour quel bilan au bout de six mois ? « Trop tôt pour en parler. Attendons au moins une année », répond-t-on chez le premier. Lactalis qui, depuis mi-janvier, estampille « Lait de France » tous ses laits premiers prix est un peu plus prolixe : « Notre activité lait MDD n'a pas été touchée en 2009. En revanche, nous avons perdu environ 15 % de nos volumes en laits premiers prix du fait de la concurrence allemande. L'effet “Lait de France” est pour l'instant neutre », explique Luc Morelon. Le fait est que les données du premier trimestre montrent que le lait « made in France » n'a pas franchement ralenti le rythme des importations totales. Sur la lancée de la fin 2009, on est encore sur le premier trimestre à plus de 15 500 t par mois (15 % par rapport à 2009) de lait écrémé importé. Quant au lait écrémé allemand, il a atteint un record mensuel en février à 13 013 t.

Reconquérir les parts de marché perdues

« Autant en MDD, il y a un espace pour travailler la qualité du produit, autant sur le lait premier prix, c'est d'abord le prix qui compte », explique Luc Morelon, réaliste. D'où la nécessité, à ses yeux, de réactiver au plus vite l'indice de compétitivité avec l'Allemagne. Traduisez aussi qu'il n'y aura donc une réelle reconquête des parts de marchés que lorsque l'offre française sera aussi compétitive que celle de la MUH, principal exportateur allemand de lait premier prix. Son outil industriel est conçu pour cela : 1,077 Mt de lait mis en bouteilles ou briques sur le même site. Pas étonnant qu'elle ait taillé des croupières aux industriels français. De mai à septembre, ses producteurs ont dû se contenter de 20 c/kg (lait à 37/34). Au premier trimestre, ils n'étaient encore payés que 25 c et, en avril, 26 c.

JEAN-MICHEL VOCORET

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,46 €/kg net =
Vaches, charolaises, R= France 7,23 €/kg net =
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Urines rouges et baisse de production, quel diagnostic ?

Maladies

Tapez un ou plusieurs mots-clés...