La laiterie France n'a jamais autant suscité d'interrogations de la Commission et des grands pays laitiers. Personne ne comprend pourquoi elle a baissé sa production au point de s'annoncer sur la campagne qui s'achève comme le plus gros sous-réalisateur, avec un record de 1,8 milliard de litres non produits. On trouve tout aussi incompréhensible que la France ait limité sa production (- 4 % en 2009) pour maintenir un prix du lait supérieur à l'Allemagne (15 % en 2009), au risque de se faire tailler des croupières sur les marchés. Ce qui est arrivé : les Allemands ont profité de leur avantage compétitif et de leur augmentation de production (2,8 % en 2009).
Pour les responsables laitiers en Europe, la crise laitière française a pour origine principale une politique aux antipodes de celle de l'Allemagne, des Pays-Bas, du Danemark, de la Pologne, de l'Autriche… Témoin, la très explicite démonstration faite à Berlin lors d'un grand forum laitier avec 350 représentants de la filière laitière d'outre-Rhin (lire p. 22). Le secrétaire d'État à l'Agriculture, Gerd Müller, a martelé, tout au long de son intervention, que la filière laitière allemande fait le pari de l'exportation. Il acte donc implicitement la nécessité d'avoir un prix du lait payé aux producteurs inférieur aux pays concurrents comme la France.
Les Français à contre-courant des Allemands en 2009-2010
Pour Martin Van Driel, spécialiste du lait au cabinet de Mariann Fischer Boel et aujourd'hui homme clé du groupe d'experts à haut niveau qui doit remettre ses conclusions en juin prochain, il est inconcevable que la politique de la progressive fin des quotas d'ici à 2015 « fasse imaginer à certains que rien n'a commencé à changer, ou que rien ne changera d'ici à 2015 ». Les Français sont directement visés. Et de poursuivre : « Tout a commencé à changer et on ne peut que féliciter les laitiers allemands, danois et néerlandais de montrer dès à présent que la laiterie Europe a un avenir… La France est un problème car elle limite elle-même sa production et devrait peser plus de 20 % des sous-réalisations pour la campagne 2009-2010. Elle a donc manifestement décidé de ne pas organiser cette fin de quotas pour ses producteurs de lait. »
« La France continue à regarder dans le rétroviseur, imaginant une politique laitière avec un contrôle contractuel des volumes et une intervention régulatrice sur les marchés, suffisante pour garantir un prix minimum aux producteurs. Même pour ceux qui ont des coûts de production très élevés et qui nécessiteraient un prix de base d'au moins 350 €/1 000 l (plus ADL). Ce n'est plus de l'économie, mais une politique sociale inimaginable et donc inacceptable pour l'UE et sa Commission », observe le consultant Jean-Pierre Carlier.
HERVÉ DEBÉARN
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