O
n part vers une production française en hausse de 40 % à fin 2011, compte tenu des conversions en cours », constate Christian Guilard, représentant des producteurs de lait bio de la Frab Bretagne au Cil Ouest. En 2009, la consommation française a progressé de 20 à 30 %. Les importations pèsent 23 % du marché, essentiellement en provenance du Danemark, de l'Autriche et du Royaume-Uni. Car la production nationale ne couvre pas les besoins. Et comme pour le lait conventionnel, il existe un différentiel de prix favorable aux importations. De plus, pour la première fois l'an dernier, les volumes vendus sous MDD ont dépassé ceux des produits sous marques de transformateurs. Ce qui laisse planer un risque de dégradation des valorisations.
Dans ce contexte, les éleveurs de l'Ouest, qui représentent 60 % de l'offre, réfléchissent à leur organisation. L'enjeu est d'éviter de basculer vers une offre excédentaire, comme ce fut le cas sur la période 2003-2005. À l'époque, la vitesse des conversions avait dépassé celle de la croissance du marché, provoquant une grave crise. La réflexion est reprise au Cniel car les marchés sont européens et ne peuvent s'organiser à l'échelle d'un seul bassin.
Reconquérir les marchés français, réduire les importations
Les éleveurs de l'Ouest sont en train de réfléchir à la création de groupements de producteurs pour chaque transformateur. Cette structuration existe déjà dans le Nord ou en Alsace. Ces groupements comptent peser pour adapter l'évolution de l'offre à celle de la demande. Ils veulent aussi pousser à une reconquête des marchés français par leur production. « En France, la production laitière bio représente moins de 2 % quand le Danemark ou l'Autriche frisent ou dépassent les 10 %. Les conversions vont se tarir dans ces zones alors que le potentiel de développement est réel en France », rajoute Christian Guilard. La concertation au sein de la filière doit permettre une croissance équilibrée. Les bio veulent aussi renforcer l'image solidaire de leur filière et consolider le développement du bio sur l'ensemble du territoire.
Et ils se battent pour maintenir des prix rémunérateurs. En 2009, la baisse s'est limitée entre 0 et 20 €/1 000 l par rapport à 2008. 2010 débute en recul de 0 à 30 €/1 000 l par rapport à 2009. Le marché est toujours porteur et les tassements de prix sont compensés par la hausse des volumes. Certains transformateurs exercent une pression à la baisse et une meilleure organisation de la production est indispensable pour résister. Dans l'Ouest, les prix sont discutés au sein de l'interprofession. Une grille déconnectée du lait conventionnel a été mise en place. Les négociations sont parfois ardues. Mais au moins, les producteurs participent aux discussions. D'autres pistes sont évoquées pour gérer une croissance harmonieuse. Les échanges d'informations et de structuration entre régions et pays européens doivent s'intensifier.
PASCALE LE CANN
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