
Pendant sept mois, nous allons vous rapporter les impressions de groupes d'étudiants du pôle de formation de Bernussou (chambre d'agriculture de l'Aveyron), qui ont séjourné dans des exploitations laitières d'Europe, sélectionnées par l'équipe pédagogique.
TRÈS TÔT, LA FILIÈRE LAITIÈRE AUTRICHIENNE A SU SE DÉMARQUER des grands pays laitiers européens en prenant la direction d'une agriculture durable. Nous avons effectué nos stages dans deux exploitations, l'une située à Alberndorf dans une région à forte densité laitière et l'autre, à Salzburg, région plus montagneuse. Elles produisent du lait issu de l'agriculture biologique avec respectivement 26 et 70 vaches laitières. Nos fermes françaises apparaissent plus grandes que la moyenne autrichienne, qui est de 18 vaches seulement.
Ces troupeaux de petite taille imposent aux éleveurs une autre activité que la production laitière. Elles exploitent toutes deux des surfaces boisées. En Autriche, nous avons été marqués par l'omniprésence de l'herbe, valorisée sous toutes ses formes.
UN LAIT PRODUIT À L'HERBE
L'une des exploitations récoltait en ensilage et, par la pâture, la seconde pratiquait le séchage en grange et l'affouragement en vert. La recherche de valeur ajoutée est commune aux deux éleveurs, mais leurs choix pour l'avenir étaient assez différents. En effet, si un système traditionnel avec de la vente directe est privilégié pour l'un des exploitants, le second souhaite augmenter sa production pour gagner en compétitivité, tout en produisant à faibles coûts. La présence de nombreuses filières de qualité permet de valoriser l'image d'un lait produit à l'herbe. Néanmoins, le relief, le morcellement du parcellaire et le prix du foncier sont des freins pour le développement et l'installation des jeunes.
LE PÔLE DE FORMATION DE BERNUSSOU
Les exploitations autrichiennes sont de petites tailles, avec des parcellaires souvent morcelés, et de très nombreuses filières de qualité : bio, Heumilch lait de foin, AOP, etc. Elles ont le plus souvent la sylviculture en deuxième activité.
LA RACE FLECKVIEH POUR TOUS LES SYSTÈMES Cette simmental qui a reçu du sang red holstein sans perdre sa mixité, représente 78 % de l'effectif autrichien. La race est présente dans tous les systèmes (ensilage, foin, pâturage) avec un niveau de production oscillant de 4 000 à plus de 11 000 litres. La fleckvieh est intéressante pour ses taux (TB = 41,5, TP = 34,3L) mais aussi pour sa viande par le biais des vaches de réforme et des veaux vendus à un mois entre 400 et 500 €.
UN SÉCHAGE EN GRANGE HIGH-TECH Créé en 2004, le label Heulmilch impose aux éleveurs engagés une ration à base de foin pour une valorisation allant de plus 5 à 10 c/l. Ainsi, avec une ressource herbagère exceptionnelle (4-5 coupes/an), l'un des agriculteurs a amélioré le séchage en grange. Son système compte parmi les plus modernes. Contrairement au séchoir traditionnel, un déshumidificateur aspire l'air saturé en eau. Ensuite, le ventilateur reconduit un air sec dans la cellule à foin. Ce système permet de recycler l'air, et donc de sécher 24 heures/24, quelles que soient les conditions climatiques. L'informatique est au coeur de ce système, ce qui permet de gérer la température du séchoir, ou encore l'hygrométrie tout au long du processus et cela à distance.
UNE CONTENTION SANS CORNADIS Ici les veaux sont conduits sur aire paillée et disposent de foin et de concentrés à volonté. La contention des animaux au moment du repas permet d'élever des veaux de tout âge puisque l'alimentation est individualisée. Ainsi un veau recevant encore du lait sera bloqué dans sa stalle sans risque de concurrence. C'est un levier, que l'éleveur actionne du couloir d'alimentation, qui permet d'abaisser une barrière derrière les veaux.
DES LOGETTES CREUSES ÉCONOMIQUES En zone de montagne, pour économiser la paille très coûteuse, l'éleveur remplit ses logettes creuses avec le fumier légèrement pailleux des génisses. Tous les quinze jours, la litière des logettes qui se tasse est rechargée avec ce fumier entreposé dans une fumière non couverte. Une heure est nécessaire pour recharger les 26 logettes, le résultat n'est pas très esthétique mais les faits sont là : 113 000 cellules en moyenne, avec un rang moyen de lactation de 3,2.
COINCÉ DANS LE VILLAGE, DIFFICILE DE S'AGRANDIR Dans la région de Salzburg, la proximité du voisinage est un frein à l'agrandissement. Sur cette exploitation, un espace vide de 5 m entre le bâtiment et la route a servi il y a deux ans à agrandir la surface de couchage en installant des logettes sous un appentis. La fosse a elle aussi été prolongée, ce qui a permis de poser des caillebotis. En plus d'être des places de choix pour les animaux, cet abri a permis aux exploitants de respecter le cahier des charges bio où tous les animaux doivent avoir accès à l'extérieur.
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