Les représentants des gouvernements auprès de l'UE et les fonctionnaires de la DG Agri s'étonnent des positions françaises sur la Pac après 2013 et la politique laitière.
Comme avant 1992, 1999 et 2003 qui a vu l'Union européenne modifier substantiellement la Pac (aides directes puis leur découplage, gestion des marchés à minima), la France prend à nouveau une posture nationale pour revenir à la Pac historique. Elle tente de réunir autour d'elle les gouvernements qui seraient d'accord dans un front du refus, comme récemment avec une réunion à Paris de vingt et un pays pour publier un communiqué… à l'eau de rose.
« La France risque encore de s'isoler et d'échouer »
Les plus anciens à Bruxelles prédisent déjà la suite. « Au fur et à mesure des propositions de la Commission, qui correspondent toujours à un consensus prénégocié avec la majorité des pays, la France se trouvera de plus en plus isolée et, au final, comme la chèvre de M. Seguin, finira par se rendre au petit matin au Conseil des ministres pour signer ce qu'elle refusait depuis des mois », observe un diplomate belge, « vieux routier » des marathons agricoles. La France était contre les aides directes et leur découplage, ainsi que la libéralisation des marchés. Échec ! Aujourd'hui, elle est pour la régulation des marchés (comme avant 2003) et contre le recentrage des aides au titre, plus légitime, d'une agriculture considérée comme « bien public ». « La France échouera car le libéralisme du nord de l'Europe et les nouveaux pays (dont la Roumanie, du nouveau Commissaire), donc une majorité de pays, décideront avant 2013 une nouvelle Pac. La France continuera à ne pas rentrer dans la vraie négociation, ce qui permettra aux politiques et responsables professionnels de garder un discours corporatiste, voire démagogique », estime un représentant de l'Allemagne.
À Bruxelles, l'incapacité française à se projeter dans l'après-quota est aussi mal comprise. « Pendant que la production augmente en Allemagne, au Danemark, en Italie, aux Pays-Bas et en Belgique, la France bétonne une politique pénalisant les élevages d'avenir, d'où les sous-réalisations, au profit des petites structures. Ces dernières ont, en général, des coûts de production autour de 360 €/1 000 l, justifiant l'exigence démagogique de l'Apli d'un prix à 400 €. Si on y ajoute l'idée Apli d'un office européen, la France laitière n'a plus aucune crédibilité » analyse Jean-Pierre Carlier, consultant.
H. D.
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