Une attente insupportable

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Les négociations se poursuivent entre Entremont-Alliance et Sodiaal. Fatigués d'attendre, les éleveurs cherchent à quitter le navire dans une ambiance de plus en plus tendue.

Au 27 janvier, Sodiaal tentait toujours de conclure un accord de reprise avec les actionnaires d'Entremont- Alliance. Son ultime proposition serait presque finalisée. Rien ne filtrait sur l'avancée des discussions. Une seule certitude : la durée des négociations traduit la difficulté du dossier. Les enjeux financiers sont tels que l'hypothèse d'un échec reste d'actualité. D'ailleurs, les rumeurs de dépôt de bilan, peu crédibles, continuent d'aller bon train. Impossible en tout cas de prédire la date d'une issue. Même si le préfet de la région Bretagne annonce un dénouement début février, la plupart des personnes proches du dossier estiment que les débats peuvent encore durer. Et officiellement, chacun attend sagement l'aboutissement de l'option Sodiaal.

En cas de rupture des négociations, le démantèlement d'Entremont est désormais dans les tuyaux. Après avoir été évincé, Lactalis reste intéressé. L'autre intervenant pressenti, Laïta, campe sur sa position. « Entremont-Alliance est trop gros pour nous. Nous pourrions peut-être étudier une reprise partielle, pour peu qu'elle nous permette de mieux valoriser notre lait. Mais l'extrême implication de l'État dans ce dossier nous gêne beaucoup », précise Dominique Chargé, président de Laïta. Reste aussi l'hypothèse d'une reprise par un groupe étranger. On parle de Kraft, ou encore de Campina. Une solution qui serait lourde de conséquences pour la filière française dont le mode de fonctionnement reste une originalité en Europe. Mais la bonne valorisation des produits de grande consommation en France attire les convoitises. Lassés d'attendre, les éleveurs cherchent des solutions. Début janvier, une vingtaine d'entre eux a rejoint Lactalis. « C'était une riposte après la reprise d'autant de livreurs de chez nouspar Sodiaal », explique Luc Morelon, porte-parole de l'entreprise. Il se défend d'avoir une stratégie offensive vis-à-vis des éleveurs d'Entremont. Eurial a aussi repris quelques producteurs. Laïta se refuse, pour le moment, à satisfaire ceux qui frappent à sa porte, ne voulant pas compliquer encore la situation.

Inquiétudes sur le prix au printemps

Ces éleveurs espèrent convaincre pour fuir Entremont dès la prochaine campagne, quand ils auront à nouveau le choix de leur laiterie. Car s'ils ont de bonnes raisons d'espérer toucher le prix interprofessionnel pendant le premier trimestre, de grosses incertitudes planent pour le lait de printemps. Beaucoup se regroupent à l'échelle locale pour « vendre » de gros volumes avec de faibles coûts de collecte. Ils parient sur le fait que certaines laiteries souhaitent conforter leur collecte, sachant qu'après la chute d'Entremont il n'y aura sans doute plus de mouvement dans la région avant longtemps. Ces stratégies offriront sans doute des occasions pour certains, les plus gros, les mieux situés par rapport aux bassins de collecte des laiteries voisines. Elles alourdissent encore l'ambiance sur le terrain. Il est de toute façon illusoire de penser que les 1,6 milliard de litres de lait collectés par Entremont en Bretagne puissent ainsi trouver de nouveaux débouchés.

PASCALE LE CANN

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,46 €/kg net =
Vaches, charolaises, R= France 7,23 €/kg net =
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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