D'un ton à la fois jovial et désolé, l'éleveur accueille un voisin non agriculteur sur sa ferme : « Je vis à tes dépens ! » La petite phrase en dit long sur le contexte particulier de l'agriculture argentine. D'un côté, les agriculteurs paient indirectement des taxes à l'exportation qui les privent de 20 à 35 % de la valeur de leurs grains. De l'autre, les laitiers, mais aussi les engraisseurs, touchent des aides de l'État pour fournir le marché interne à bas prix. Ils bénéficient d'ailleurs aussi de ces taxes sur les exportations de grains qui font que leur valeur sur le marché local est inférieure au cours mondial
« Un coût de production évalué à 0,11 euro le litre »
Marcelo Grether est installé sur 360 ha dans la province d'Entre Rios, proche de l'Uruguay. Il a le sourire : ce matin, il a reçu une lettre de sa laiterie, annonçant une hausse du prix du lait en janvier, de 0,15 à 0,175 €/l.
Avec l'aide de Buenos Aires de 0,03 €/l (jusqu'à 3 000 l/jour), son prix de vente sera désormais supérieur d'un tiers à son coût de production estimé à 0,11 €/l.
Depuis quelques années, comme beaucoup de ceux qui gèrent un grand troupeau, Marcelo a adopté un système semi-intensif.
Désormais, il complémente l'alimentation de ses trois cents holsteins et les confine en enclos quand elles ne pâturent pas.
« L'herbe représente encore 50 % de leur alimentation, nuance-t-il. La tonne de matière sèche de luzerne me revient à 14 €, tandis que celle de concentrés coûte 140 €. Ma compétitivité passera toujours par l'herbe. » Pour stabiliser son système, il sème 50 ha de maïs-ensilage. Par ailleurs, il achète du moût d'orge de bière, des graines de coton et des rations concentrées, qui couvrent environ 20 % du régime. Par ailleurs, il a clôturé six parcours de 50 x 40 m chacun. L'intensification passe également par là : « À 90 jours, les génisses sont mises en enclos jusqu'à seize mois, à environ 350 kg. Au pâturage, elles mettraient vingt-quatre mois pour atteindre ce stade de développement et pouvoir être mises à la reproduction. »
Comme lui, une minorité croissante de producteurs adopte ces systèmes mixtes qui reposent sur l'herbe, et sont donc compétitifs au niveau des coûts, mais sans renoncer à la performance individuelle. Marcelo en est convaincu : « Contrairement aux idées reçues, le lait est ici une activité plus rentable et surtout plus stable que les grandes cultures. »
MARC HENRY
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