En 2008, les opérateurs battaient les campagnes pour inciter les producteurs à convertir leur exploitation à la bio. En 2010, ils freinent les conversions. Ils craignent que celles engagées en 2009 perturbent le marché en 2011. Il faut en effet attendre deux ans avant une valorisation bio. L'ombre des années 2002-2003 plane sur cette stratégie.
À la suite des conversions encouragées par les CTE, tout le lait mis en marché n'avait pu être utilisé sur ce créneau. L'emballement d'après la crise ESB était retombé. Les signaux qu'envoient les opérateurs pour les conversions 2010 sont révélateurs. À commencer par la SAS de collecte Biolait (45 Ml) qui a réalisé un effort important : 40 Ml en 2009 qu'elle collectera en 2011. À partir du 1er janvier 2010, pour les nouvelles démarches de conversion, sa prime s'élèvera à 15 €/1 000 l, contre 30 €/1 000 l jusque-là. « Nous ralentissons le développement de la collecte », confirme Biolait.
De son côté, Triballat (Ille-et- Vilaine) réserve sa prime de 30 €/1 000 l aux candidats qui l'approvisionnent déjà en lait conventionnel. L'industriel collecte 20 Ml de lait bio. Il prévoit l'arrivée de 5 Ml entre le printemps 2010 et le printemps 2011. Lactalis adopte la même stratégie. Si le lancement de nouveaux produits (voir page 89) lui impose de maintenir les conversions, le groupe destine sa prime de 30 €/1 000 l aux producteurs Lactalis de l'Ouest, du Nord-Picardie et de l'Est, à condition que les prétendants soient à l'intérieur de sa zone bio. Il collecte 90 Ml en France. Il projette d'atteindre 130 Ml en 2012. Quant au groupe coopératif Eurial (35 Ml bio), il suspend, à partir du 1er janvier 2010, sa prime pour les nouveaux dossiers. Il avait prévu la conversion de 10 Ml en 2009.
L'objectif a été dépassé. « Avec seulement 1 % de la collecte nationale, la moindre variation entraîne des déséquilibres à la hausse ou à la baisse. Il faut veiller à ce que les volumes, les outils industriels et la consommation se développent au même rythme. Le délai de conversion de deux ans accentue cette difficulté. »
Du lait bio importé
Producteurs et transformateurs doivent désormais intégrer un autre élément dans la gestion des volumes : les importations européennes de lait bio, en particulier anglaises et allemandes. L'Agence bio les estimait, en 2008, à 23 % de la consommation française bio. Depuis le 1er janvier 2009, elles ont été facilitées par l'entrée en vigueur, du cahier des charges européen uniformisé. Elles sont d'autant plus tentantes que l'écart de prix est en leur faveur (lait allemand plus faible de 30 à 40 €/1 000 l). Selon les industriels, ces importations permettent le développement des marques de distributeurs et concurrencent leurs produits sous marque. Pèseront-elles sur le prix du lait bio 2010 ? Les négociations qui démarrent en janvier apporteront une première réponse. Dans l'Ouest, le prix de base 2009, prime bio comprise, était de 425 à 430 €/1 000 l selon les laiteries.
CLAIRE HUE
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