Une page se tourne au Gaec de la Marnotte. Le troupeau de Balesme-sur-Marne (Haute- Marne) ne sera plus. Il était le plus important et l'un des meilleurs en race simmental : 250 vaches à 9 086 kg/VL et 33 de TP. Le 17 juin, 238 vaches en lait, prêtes et génisses gestantes étaient à vendre. 79 l'ont été aux enchères à 2 180 /tête. Sur les 159 proposées en vente silencieuse, 140 se sont négociées à une moyenne de 1 550 €.
Pourquoi l'arrêt du lait ? Les raisons sont multiples. L'évolution du Gaec d'abord, qui a grossi jusqu'à dix associés et 1 125 ha en 2005. « Pour dégager des salaires décents, nous avons décidé en 2006 de nous diversifier en dehors de l'agriculture », explique Patrick Guenat, entrepreneur dans l'âme. Les deux sociétés créées, de transport et travaux forestiers, emploient à ce jour trente salariés. Entre-temps, le Gaec perd six associés, dont trois départs à la retraite remplacés par quatre salariés. Ils viennent de le quitter. « Nous nous sommes retrouvés à quatre associés pour 1,5 million de litres de lait, 855 ha dont 700 de culture… et la gérance de deux sociétés. Il fallait choisir. Mon épouse et moi-même venons de passer les 50 ans et aspirons à un autre rythme de vie. »
L'économie a bien sûr aussi pesé. Il y a déjà les perspectives moins aléatoires des céréales. La claque du prix du lait au printemps 2009 est encore douloureuse. « Tout est tiré vers le bas. La conjoncture est aujourd'hui porteuse, mais le prix du lait ne décolle pas. » Le discours du laitier a achevé toute velléité de réinvestir dans les bâtiments d'élevage pour gagner en efficacité du travail. « Il m'a expliqué que si on ne pouvait pas produire à moins de 300 /1 000 l, mieux valait arrêter. À ce prix, on ne peut pas prétendre à des salaires normaux. »
JEAN-MICHEL VOCORET
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