L
'herbe était là, les vaches sorties dès le 1er février. L'année s'annonçait très bonne… jusqu'en avril ! », expliquent Matthieu Hermouet, Joëlle Hazemann et Gildas Simonneau. En 2010, les trois associés du Gaec de Malabrit, à Vieillevigne (Loire- Atlantique) avaient acheté du fourrage pour passer la saison. Alors, cette année, ils ont voulu réagir vite, « dès que nous avons compris que les rendements en herbe allaient diminuer de moitié ». Les prairies représentent ici 80 % des 96 ha exploités. Le reste se répartit entre 10 ha de mélanges céréaliers récoltés en grains et 8 ha de maïs-ensilage. En temps normal, cela suffit à nourrir les 70 prim'holsteins (à 6 200 l/VL), la quinzaine de génisses de renouvellement (« On fait vieillir »), et même quelques boeufs. Mais pas en 2011. « L'un de nos points forts est de beaucoup échanger en groupe », disent ces éleveurs du Gradel(1). Avec une douzaine de collègues – qui misent aussi sur l'herbe et les économies de charges – ils y partagent problèmes et solutions. « Tous, nous avons constaté que nous avions laissé déraper nos chargements au fil des ans. » Dès avril, le Gaec s'est donc séparé d'animaux sans attendre mais en ciblant : « Trois génisses prêtes à vêler, quatre autres à inséminer, cinq de nos douze boeufs (en gardant les sept vendus en direct) et deux vaches de réforme. L'an passé, nous avions hésité, puis regretté en traînant des problèmes sanitaires. »
De 1,13 à 0,96 UGB/ha
Certains éleveurs du groupe ont dû ensiler une partie de leurs mélanges céréaliers. Le Gaec de Malabrit a pu récolter 20 ha d'herbe chez un voisin qui laisse ses allaitantes pour faire des cultures… « mais avec un rendement limité, 2 t de MS/ha ». En mai, il a donc fallu tarir quelques vaches de plus par anticipation et vendre à nouveau des bêtes, « Nous sommes passés de 1,13 à 0,96 UGB/ha, mais nous étions déjà sur cette voie puisqu'en conversion au bio. »
Malgré tout, le Gaec devra acheter des fourrages. « Ça ne fait pas plaisir. Mais quand on n'a quasiment pas d'avance sur cultures, la trésorerie permet de le faire une ou deux années sur dix… » D'autant plus que les charges d'annuité sont limitées : le « ticket d'entrée » de chacun des associés (arrivés en 2006, 2009 et 2011) a été de 64 000 €, dont 15 000 € de capital social (équivalent de la DJA).
Pour la même raison, le niveau du tank ne les panique pas : « Déjà, nous ne produisions que 420 000 l sur un quota de 570 000 l. On ne va quand même pas bouffer la baraque pour faire plaisir aux laiteries ! »
GWENAËL DEMONT
(1) Groupe de recherche en agriculture durable et économie locale.
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