Solidarité Paysans Basse-Normandie accompagne plus d'une centaine d'éleveurs qui appellent, trop souvent, alors que les difficultés sont déjà profondes.
Le gouvernement a annoncé le versement à la fin mai d'une partie des avances au paiement des aides Pac aux agriculteurs en procédure de sauvegarde ou redressement judiciaire. « C'est une bonne nouvelle, dit Jean-Luc Fouyer, président de Solidarité Paysans Basse-Normandie. Ne pas les percevoir est un poids moral supplémentaire pour les éleveurs financièrement déjà très fragilisés. » Sans pouvoir l'expliquer, Nathalie et Sylvain L. sont passés entre les mailles du filet. « Nous avons été payés en décembre. » Des problèmes fonciers et de santé ont affaibli leur exploitation laitière. La crise qui sévit depuis un an et demi accentue les difficultés. « Un soir, n'en pouvant plus, j'ai consulté internet et repéré l'association. » Un accompagnement par un bénévole s'est alors mis en place. Avec lui, l'idée d'un redressement judiciaire a cheminé. Ils sont aujourd'hui en phase d'observation. « Les agriculteurs en difficultés nous appellent trop tardivement, regrette Jean-Luc Fouyer. Cela montre une capacité de résistance trop importante par rapport à un retournement des marchés désormais rapide. »
Plus de redressements judiciaires
Solidarité Paysans Basse-Normandie enregistre moins d'accompagnements en 2015 : 102 contre 170 en 2014, dont 56 nouveaux (79 en 2014), à 80 % des éleveurs laitiers. « En réalité, c'est bien plus car les accompagnements téléphoniques, qui sont croissants, n'ont pas été notés. Les trente-trois bénévoles y passent beaucoup de temps. » Elle constate aussi une plus grande complexité des situations suivies, avec plus de redressements judiciaires (28 contre 23 et zéro liquidation), décidés sur un prix du lait supérieur au niveau actuel. L'association craint dès lors que les éleveurs ne puissent pas y faire face et se retrouvent en liquidation. « Nous sommes très inquiets. »
CLAIRE HUE
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