Pour l'éleveur, il ne fait aucun doute que la mort des animaux est liée aux travaux réalisés sur la ligne à haute tension qui traverse une partie de ses parcelles. Les analyses effectuées dans le cadre des autopsies ont montré que « les bêtes étaient pleines de ferraille ». Par ailleurs, la chronologie des faits est signifiante. « Les travaux ont débuté en novembre 2009. Les premières bêtes sont mortes l'hiver 2010. On leur avait distribué du fourrage récolté l'été même sur les prairies concernées. »
Les pertes ont été chiffrées avec le CER à 290 000 €. RTE-EDF s'est déclaré prêt à un arrangement, à condition que soit apportée la preuve formelle de sa responsabilité. « Il aurait fallu trouver des morceaux de fer de 20 cm estampillés RTE-EDF », ironise l'éleveur. Ce qui n'a pas été possible. « La dernière analyse sur une vache retrouvée morte en mars 2013 a été envoyée à un laboratoire spécialisé dans les matériaux et les alliages. On a trouvé de la ferraille dans la panse mais pas d'abcès. On n'a pas pu faire le lien avec les travaux. Les vaches sont peut-être plus mortes d'un empoisonnement dû à ces produits qu'à cause de l'ingestion de corps étrangers. » Financièrement, l'affaire a porté un rude coup à l'exploitation. En dehors de la prise en charge par l'assurance des frais d'analyse et de quelques vaches la première année, elle a dû supporter toutes les conséquences de ce drame.
Une indifférence choquante
Moralement, l'expérience fut aussi difficile à vivre. « Même les parents à la retraite, qui avaient monté le troupeau, ont été secoués. » L'attitude des agents de RTE-EDF a plusieurs fois choqué Éric. « En grosses voitures, ils traversent les prairies sans se soucier d'où ils passent. C'est juste de l'herbe, disent-ils. Non, c'est d'abord l'alimentation de nos vaches en Haute-Savoie. »
Etre baladé de service en service pendant des mois sans jamais avoir le même interlocuteur a aussi été usant. « Pendant six mois, alors que les négociations n'avançaient pas, j'ai interdit l'entrée de mes parcelles pour des travaux d'élagage. Sur certaines, je n'étais que locataire. RTE-EDF a recherché les propriétaires pour essayer de passer sans mon accord. Un huissier m'a été envoyé. »
Éric souhaiterait que son expérience malheureuse incite les agriculteurs concernés à se prémunir davantage. « Caler les conditions dans lesquelles l'opérateur interviendra me paraît indispensable. Au début, en effet, on a affaire aux équipes de RTE-EDF puis on se retrouve avec les sous-traitants. Par ailleurs, au lieu d'autoriser le passage des engins sur quelques bandes de la parcelle, mieux vaudrait d'emblée négocier sur l'ensemble du terrain. »
ANNE BRÉHIER
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