« Le sentiment de se battre contre Goliath »

En faisant vêler jeune, en achetant deux animaux et en utilisant de la semence sexée, Éric Lafontaine a reconstitué le troupeau à ses frais.© A.B.
En faisant vêler jeune, en achetant deux animaux et en utilisant de la semence sexée, Éric Lafontaine a reconstitué le troupeau à ses frais.© A.B. (©)

Les trois dernières années ont été difficiles pour Éric Lafontaine. L'éleveur de Desingy (Haute-Savoie) a perdu 20 de ses 32 laitières à plus de 10 000 kg.

Pour l'éleveur, il ne fait aucun doute que la mort des animaux est liée aux travaux réalisés sur la ligne à haute tension qui traverse une partie de ses parcelles. Les analyses effectuées dans le cadre des autopsies ont montré que « les bêtes étaient pleines de ferraille ». Par ailleurs, la chronologie des faits est signifiante. « Les travaux ont débuté en novembre 2009. Les premières bêtes sont mortes l'hiver 2010. On leur avait distribué du fourrage récolté l'été même sur les prairies concernées. »

Les pertes ont été chiffrées avec le CER à 290 000 €. RTE-EDF s'est déclaré prêt à un arrangement, à condition que soit apportée la preuve formelle de sa responsabilité. « Il aurait fallu trouver des morceaux de fer de 20 cm estampillés RTE-EDF », ironise l'éleveur. Ce qui n'a pas été possible. « La dernière analyse sur une vache retrouvée morte en mars 2013 a été envoyée à un laboratoire spécialisé dans les matériaux et les alliages. On a trouvé de la ferraille dans la panse mais pas d'abcès. On n'a pas pu faire le lien avec les travaux. Les vaches sont peut-être plus mortes d'un empoisonnement dû à ces produits qu'à cause de l'ingestion de corps étrangers. » Financièrement, l'affaire a porté un rude coup à l'exploitation. En dehors de la prise en charge par l'assurance des frais d'analyse et de quelques vaches la première année, elle a dû supporter toutes les conséquences de ce drame.

Une indifférence choquante

Moralement, l'expérience fut aussi difficile à vivre. « Même les parents à la retraite, qui avaient monté le troupeau, ont été secoués. » L'attitude des agents de RTE-EDF a plusieurs fois choqué Éric. « En grosses voitures, ils traversent les prairies sans se soucier d'où ils passent. C'est juste de l'herbe, disent-ils. Non, c'est d'abord l'alimentation de nos vaches en Haute-Savoie. »

Etre baladé de service en service pendant des mois sans jamais avoir le même interlocuteur a aussi été usant. « Pendant six mois, alors que les négociations n'avançaient pas, j'ai interdit l'entrée de mes parcelles pour des travaux d'élagage. Sur certaines, je n'étais que locataire. RTE-EDF a recherché les propriétaires pour essayer de passer sans mon accord. Un huissier m'a été envoyé. »

Éric souhaiterait que son expérience malheureuse incite les agriculteurs concernés à se prémunir davantage. « Caler les conditions dans lesquelles l'opérateur interviendra me paraît indispensable. Au début, en effet, on a affaire aux équipes de RTE-EDF puis on se retrouve avec les sous-traitants. Par ailleurs, au lieu d'autoriser le passage des engins sur quelques bandes de la parcelle, mieux vaudrait d'emblée négocier sur l'ensemble du terrain. »

ANNE BRÉHIER

En filière IGP tomme et emmental de Savoie, le foin et le regain constituent, avec l'épi de maïs, les composantes majeures de la ration.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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