
Après les AOP comté, beaufort, reblochon et l'IGP gruyère français, au morbier de faire valoir les prérogatives que lui accorde le paquet lait, acté en 2012 par l'UE. Celles, reconnues aux fromages sous signe de qualité, d'instituer des règles de régulation de l'offre (RRO), pour mettre en adéquation production et marché. L'AOP franc-comtoise a lancé le 26 avril, lors de son assemblée générale, une large consultation visant à obtenir l'adhésion à son projet de deux tiers des producteurs de lait et deux tiers des ateliers de transformation (en nombre et en volume de lait et de fromages), comme l'y obligent les textes. Elle se prolongera jusqu'à la fin juin. Dans ce vote particulier qui ne se limite pas aux délégués présents lors de l'AG, seules les voix « pour » sont comptabilisées.
Un dispositif saisonnier à titre expérimental pour 2017
Contrairement au comté, les règles de régulation envisagées pour le morbier ne seront pas annuelles. Il aurait fallu pour cela une vision commune entre les opérateurs historiques ayant pignon sur rue et les nouveaux intervenants qui ont fleuri à l'approche de la fin des quotas. Mais surtout, il aurait fallu l'approbation du fabricant n° 1, la coopérative des Monts de Joux, pesant plus du tiers des volumes, qui n'en voulait pas. Il est vrai que le marché du morbier jouit d'une dynamique particulière. Au cours des cinq dernières années, la production et les ventes ont crû à un rythme moyen de 4 % par an. En 2014, les fabrications ont dépassé la barre des 10 000 t pour atteindre l'an dernier 10 767 t et les ventes 9 554 t (dont 1 013 t de vente intrafilière). Le fait est aussi que le morbier n'est pas un fromage de garde comme le comté.
Le dispositif sur lequel la filière s'est entendue vise à une régulation saisonnière de janvier à mars. L'objectif est clair : contrer les fabrications opportunistes de fin de campagne laitière pour écouler les excédents de lait non plaqués en comté. Les ateliers de fabrication se verraient ainsi doter d'une référence de tonnage pour cette période, au-delà de laquelle une surcotisation de la plaque de caséine identifiant chaque fromage (15 fois le prix) serait appliquée. Signe du consensus difficile à obtenir, ce dispositif ne sera actif que pour 2017. Ce n'est que si l'essai est concluant que le morbier pourrait à nouveau voter pour le prolonger sur plusieurs années.
JEAN-MICHEL VOCORET
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