« L'écologie, j'y travaille tous les jours »

« La crainte est de se voir appliquer les mesures coercitives comme dans les bassins versants en contentieux. À 140 UN/ha, il devient difficile de conduire une culture. Il y a nécessairement une perte de rendement », déclare Paul Guernion, éleveur à Pommeret (Côtes-d'Armor).
« La crainte est de se voir appliquer les mesures coercitives comme dans les bassins versants en contentieux. À 140 UN/ha, il devient difficile de conduire une culture. Il y a nécessairement une perte de rendement », déclare Paul Guernion, éleveur à Pommeret (Côtes-d'Armor). (©)

Eleveur dans la baie de Saint-Brieuc, Paul Guernion s'est déjà beaucoup investi pour l'environnement.

Cet été, la mort d'un cheval sur une plage des Côtes-d'Armor a relancé la polémique sur les algues vertes. En cause : les émanations toxiques qui s'échappent des algues en décomposition. Estimant que ce phénomène représentait un danger pour la santé, le Premier ministre, François Fillon, s'est déplacé en Bretagne pour annoncer la mise en place d'une mission interministérielle chargée d'élaborer un plan de gestion et de prévention des risques sanitaires. Très vite, l'agriculture a été pointée du doigt, principale accusée de la prolifération des algues vertes sur la côte dès le printemps. Apparu il y a une trentaine d'années, le phénomène des marées vertes est favorisé par les rejets de nitrates et de phosphore dans l'eau.

« Nous sommes concernés, admet Paul Guernion, éleveur laitier à Pommeret (Côtes-d'Armor) mais pas seuls responsables. »

Des zones peu profondes à faible renouvellement d'eau, une forte luminosité, la richesse du milieu en phosphore accumulé depuis des décennies et des flux d'azote au printemps… L'explication de texte fournie par la profession n'a pas trouvé d'écho auprès des médias, pas plus que les efforts réalisés par les agriculteurs pour enrayer le phénomène. « C'est comme si on n'avait rien fait, regrette Paul, très déçu. L'écologie, on y travaille tous les jours. »

La colère après la déception

Installé en 1996 avec son associé, il profite, dès 2000, de la construction d'une nouvelle stabulation pour réaliser la mise aux normes dans le cadre du premier PMPOA. Situé dans un canton en ZES (zone d'excédent structurel), il respecte les 170 UN organiques par hectare. Il explore toutes les pistes pour bien raisonner la fertilisation et l'utilisation des déjections : non-labour, échanges parcellaires entre voisins pour optimiser le pâturage, lisier sur blé, travail en microdoses pour les traitements phytosanitaires. L'an dernier, il a signé une mesure agro-environnementale sur 50 % de la surface de l'exploitation située sur le bassin-versant de l'anse d'Yffiniac.

Alors, quand la note du préfet a été divulguée dans la presse, la colère a fait place à la déception. Une note, censée rester confidentielle, qui accable l'agriculture alors que, la veille, la profession était reçue par la mission interministérielle pour faire des propositions. « Un coup dur » pour l'éleveur qui fait partie d'un des groupes de travail. Paul ne se décourage pas pour autant. « Ce n'est pas en réduisant l'azote que l'on va résoudre le problème des algues vertes. Il faut aller vers une meilleure gestion de la fertilisation. Un maïs n'est pas plus polluant que de l'herbe s'il est bien raisonné. On doit s'attaquer à la partie agronomique, faire des analyses de reliquats dans le sol. » L'éleveur veut « des objectifs réalisables. »

ISABELLE LEJAS

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
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Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

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