« Selon le prix du lait, les jeunes resteront ou non »

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Six ans après la séparation avec Lactalis, la coopérative Vercors lait retrouve une rentabilité et des perspectives grâce au bio.

Pour le président de Vercors lait (6 millions de litres collectés dans 46 exploitations), rémunérer les producteurs 216 €/1 000 l était hors de question. « En avril dernier, le lait était payé 250 € », explique Paul Faure. Bien qu'insuffisant pour un lait produit au-dessus de 800 m, ce prix est déjà une avancée pour la coopérative qui a failli disparaître il y a un an et demi. « Après avoir appliqué, en 2008, une retenue de 20 /1 000 l et alors que nos comptes se sont redressés, il fallait donner un signe fort aux éleveurs qui ont cru dans notre projet. »

En effet, les années qui ont suivi la séparation du groupe Lactalis, en 2003, ont été difficiles.

Plombé par un déficit de 450 000 €, la coopérative a frôlé le dépôt de bilan fin 2007. « Nous avons été obligés de vendre nos murs, précise Paul Faure. Le soutien des élus et celui du parc du Vercors nous ont sauvés. Ici, tout le monde a conscience que l'avenir du tourisme et de l'agriculture est lié. La communauté de communes a racheté notre bâtiment et nous le loue. Un camion de lait à quatre roues motrices a été mis à notre disposition par le parc naturel régional. En collaboration avec la FDCL de Savoie, nous avons embauché un directeur. »

Dans cette période tourmentée, les éleveurs ont eu la satisfaction de sauver les seize emplois de la coopérative. Aujourd'hui dix-huit salariés, dont cinq en fromagerie, collectent, transforment et commercialisent le lait des éleveurs du massif. « Nous avons la chance d'avoir un fromager passionné qui a trente ans de métier. »

« En vendant du bio, on place du conventionnel »

Transformer le maximum de lait en fromages de terroir, bio et conventionnel est l'axe stratégique de la coopérative. « Le bleu de Vercors Sassenage, fromage AOC, est notre produit phare, précise l'éleveur installé en Gaec avec son frère Éric sur le plateau d'Autrans (450 000 l sur 80 ha). La gamme de fromages bio développée depuis 2003, commercialisée en France et à l'export, enregistre une forte progression : 35 000 de CA en 2007, 350 000 en 2008 et un prévisionnel de 600 000 cette année. »

Ce développement profite à l'ensemble des fromages. « En vendant du bio, on place du conventionnel. » L'accord signé ce printemps avec Sodiaal Sud- Est garantit un débouché aux nouvelles conversions bio et conforte cette orientation. D'ici à cinq ans, l'objectif de Vercors lait est de transformer 5 millions de litres (1,5 Ml en filière bio, et 3,5 Ml en conventionnel). « Pour 2009 nous souhaiterions payer le lait 300 /1 000 l. Mais avec 50 % de notre lait qui part encore en vrac, l'objectif sera difficile à tenir si sa valorisation reste à 210- 220 /1 000 l. Sur le massif, des jeunes sont prêts à s'investir dans l'élevage. Mais le prix du lait fera qu'ils resteront ou non. »

ANNE BRÉHIER

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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