Malgré des perspectives de débouchés robustes, les éleveurs subissent la volatilité des marchés.
En 2030, la population mondiale sera passée de 7 à 8,5 milliards d'individus. Les classes moyennes, gagnant plus de 30 $ par jour, consommatrices de produits laitiers, progresseront de 1 à 2 milliards. « Si nous estimons une hausse de la consommation de lait par habitant de la planète de 110 à 120 kg, le déficit mondial de production de lait atteindra 65 millions de tonnes en 2030 », affirme Frédéric Chausson, directeur du développement chez Sodiaal. Il intervenait dans le cadre de la conférence sur les marchés mondiaux du lait, organisée par l'Institut de l'élevage.
La tension sur la ressource mondiale en lait aura donc bien lieu. Mais ce ne sera pas en 2015. Les économistes sont unanimes : l'avenir des producteurs de lait est assuré mais il passera par des crises. C'est ce que nous vivons aujourd'hui. En 2014, la collecte mondiale a progressé de 2,5 %, soit 20 Mt. Un afflux de lait qui a dépassé la demande solvable, faisant s'effondrer les cotations. Les échanges mondiaux sont toujours très actifs, même si la Chine achète moins que ses records du premier semestre 2014. Mais il suffit d'un léger décalage offre/demande pour observer un gros effet sur les prix.
Trop d'éléments restent imprévisibles
Et malgré ce prix du lait médiocre, l'UE, désormais sans quotas, accroît toujours sa production. Les experts tablaient sur une hausse de 1 % en 2015, ce sera sans doute plus. Car les cheptels se sont étoffés et les élevages d'Europe du Nord, sûrs de leurs avantages concurrentiels, n'hésitent pas à accélérer. Quelle sera la situation des prochains mois ? Personne n'ose s'avancer. Le retour à l'équilibre des marchés dépend d'éléments trop imprévisibles : maintien ou non de l'embargo russe ? Évolution de la situation économique de l'UE ? Dynamisme des pays émergents ? Incidents climatiques ? Il semble que les éleveurs soient condamnés à subir cette volatilité et ces incertitudes. Aucun outil aujourd'hui n'est opérant pour s'en protéger. Et aujourd'hui, qui ose espérer encore une politique de régulation ?
DOMINIQUE GRÉMY
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