
Lors du suivi de reproduction, un cas de métrite et de calcémie après vêlage a été identifié, ce qui a permis de réajuster la ration sans attendre. Ainsi les performances n’ont pas été pénalisées.
Ce nouveau cas concerne un éleveur à la tête d’un troupeau de 65 vaches traites au robot. Il est en rythme de croisière avec une production moyenne de 34 kg et un stade de lactation à 190 jours. Chez lui, je suis la reproduction tous les mois et à force je connais les vaches. Déjà, au mois de septembre, nous trouvions tous les deux que le troupeau avait perdu de l’état corporel. Nous l’avons objectivé par une notation des animaux : les notes étaient plus basses chez les débuts de lactation. Le nutritionniste, averti, a adapté la ration et, trois mois plus tard, l’état était revenu à la normale et le lait a suivi.
Aujourd’hui, nous faisons notre suivi habituel. Il n’y a pas d’endométrites, comme c’est souvent le cas l’hiver. En revanche, sur les trois dernières vêlées au cours des quinze derniers jours, l’une a une métrite et une autre, une calcémie inférieure aux valeurs recommandées. Inhabituel. La matinée étant minutée, on décide d’aller voir les taries le lendemain. Sur les cinq vaches en préparation vêlage, trois pH urinaires sont réalisés : ils affichent tous 8, quand on viserait un objectif de 6,5 à 7 au plus.
Le passage du colza au soja rehausse la Baca de la ration
Quels changements sont intervenus ? Depuis quinze jours, l’éleveur a arrêté le tourteau de colza au profit du soja et il est passé au maïs 2023. De quoi modifier la Baca.
Pour les vaches en préparation vêlage, on cherche à avoir une Baca négative, entre 0 et -100 mEq/kgMS. Pour connaître rapidement la Baca de la ration, c’est assez facile : il suffit d’avoir un ordre d’idée des valeurs Baca des aliments et de tenir compte de la proportion de chacun (voir le tableau). On comprend que, dès qu’il y a de l’herbe, c’est plus compliqué ! Il faudrait calculer finement la Baca avec un logiciel de rationnement et avoir des analyses des fourrages indiquant les teneurs en ions, notamment pour la paille qui peut être très variable. La mesure de pH urinaire est ensuite une façon simple de vérifier les bonnes pratiques. Les vaches ont toujours le dernier mot !

Dans notre cas, on comprend aussi que le passage du colza au soja modifie la Baca. Jetons en effet un coup d’œil sur l’évolution de la ration : avant, les vaches en début de tarissement recevaient 4 kg de paille, 21 kg d’ensilage de maïs, 1 kg de maïs humide, 2,2 kg de colza, et le minéral. Les « prépas vêlage » avaient 24 kg de ce mélange + 2 kg de colza et 150 g de chlorure de magnésium. C’est une ration à 0,77 UFL/kgMS et 14,3 % de MAT qui fonctionnait bien, avec une Baca de - 60 mEq/kgMS. Or, depuis quinze jours, les vaches en début de tarissement ont 4 kg de paille, 19 kg d’ensilage de maïs, 1,7 kg de soja et le minéral. Les « prépas vêlage » ont 24 kg de ce mélange + 1,4 kg de soja et 250 g de chlorure de magnésium, soit une ration avec une Baca calculée de 0. Le nutritionniste a d’ailleurs indiqué dans ses recommandations de faire attention à la Baca, en attendant d’ajuster en fonction de l’analyse du maïs ensilage. De plus, on s’est aperçu que l’éleveur avait oublié de changer la quantité de chlorure de magnésium. Son ajustement a déjà amélioré les pH.
Réduire la durée et l’intensité de l’hypocalcémie
Mais pourquoi parle-t-on de Baca lorsqu’il y a des métrites et hypocalcémie ? Des études ont prouvé que baisser la Baca de + 200 à - 100 mEq/kgMS réduit de 50 % le nombre d’événements sanitaires par vache. On limite le risque d’hypocalcémie après vêlage puisque le système hormonal de la vache est en quelque sorte déjà entraîné à faire face au fort besoin en calcium de la lactation, la stratégie Baca négative provoquant une fuite de calcium dans les urines. Les risques d’ostéoporose que l’on pourrait craindre ne sont pas justifiés si l’apport en calcium, le niveau de Baca et la durée de ce régime sont contrôlés : lorsque l’on gère une Baca négative, on vise un apport de 120 à 140 g de calcium brut/j (seulement 60 g sans gestion de la Baca). Les bénéfices attendus sont importants : en réduisant la durée et l’intensité de l’hypocalcémie, on diminue l’incidence des fièvres de lait, des non-délivrances, des métrites, des mammites, ainsi que de façon moins visible d’autres paramètres de reproduction : reprise de la cyclicité, intervalle à l’IA fécondante.
La Baca n’est bien sûr pas le seul critère à évaluer sur les vaches en prépa vêlage. Une bonne prépa vêlage améliore à coup sûr la reproduction et la production.
Et, dans notre cas, un suivi régulier ainsi qu’une bonne communication avec l’éleveur et le nutritionniste auront permis d’ajuster rapidement la ration pour ne pas perdre en performance !
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