Choisir ses variétés de sorgho monocoupe

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(© Jean Tourneux/Seenovia)

Le choix d’une variété de sorgho pour des vaches laitières dépend d’abord de sa précocité, puis de sa valeur UFL. Les résultats post-inscription d’Arvalis offrent un outil d’aide à la décision avant des semis programmés mi-mai.

Il existe une grande diversité géné­tique de variétés de sorgho disponibles sur le marché. Celles destinées à l’ensilage pour l’alimentation des vaches laitières hautes productrices sont principalement des sorghos monocoupes dits « sorghos sucriers », à choisir parmi diverses catégories : les sorghos sucriers communs, dotés d’une panicule fertile, avec des teneurs en amidon plus importantes liées à la production de grain, mais avec de moindres rendements ; les mâles stériles, plus productifs, avec des teneurs en sucre élevées ; et les photopériodiques sensibles (PPS), sans panicule, avec des teneurs en matière sèche et en amidon souvent plus faibles. « Globalement, les variétés typées grain sont plus faciles à emmener vers des teneurs en matière sèche adaptées à l’ensilage que les PPS. Cependant, au sein de chaque groupe, certaines variétés échappent à cette tendance, explique Agnès Tréguier, ingénieure au pôle variétés et génétique d’Arvalis. Certaines variétés possèdent aussi le caractère BMR, combinaison de un ou plusieurs gènes permettant de réduire la lignification et donc d’améliorer la digestibilité de la plante.Mais, là encore, ce caractère BMR seul ne garantit pas d’obtenir les valeurs énergétiques attendues. C’est pourquoi opter pour une variété consiste d’abord à choisir des caractéristiques adaptées à sa situation et à ses besoins. »

Une espèce très sensible aux sommes de températures

C’est tout l’intérêt de la synthèse pluriannuelle du réseau de post-inscription des variétés de sorgho monocoupe publiée par l’Institut du végétal (1). Elle permet de s’affranchir de cette complexité des profils génétiques, en proposant une aide au choix variétal fondée sur des critères d’intérêts comparés des variétés les unes par rapport aux autres (voir le tableau page 47). Pour rappel, le sorgho est une espèce exigeante en somme de températures. Sa spécificité est de produire une biomasse importante en fin de cycle, au mois de septembre. Cela le rend moins sensible que le maïs aux coups de chaud pendant la floraison. À condition de pouvoir prolonger son cycle végétatif en arrière-saison, comme l’indique un réseau d’essais comparatifs menés pendant trois ans : en 2022, année de faible rendement du maïs (< 11 t de MS/ha), lorsque le sorgho est ensilé quinze à trente jours après le maïs, il est capable de produire de 2 à 2,5 t de MS/ha supplémentaires. Lors des bonnes années fourragères (2021 et 2023), le maïs affiche des rendements supérieurs de 2 à 2,5 t de MS/ha. Le sorgho ne peut combler son retard que si on lui laisse quinze à trente jours de végétation de plus avant récolte.

Dès lors, avec un semis réalisé à la mi-mai et au plus tard début juin, dans un sol suffisamment réchauffé (12 °C), le choix variétal implique dans un premier temps de se référer au critère de précocité, exprimé par une note dans le tableau. Le but est de récolter le fourrage entre 25 % et 30 % de MS. En deçà, il y a un risque de pertes par les jus et, au-dessus, un risque d’échauffement du silo après ouverture. Dans le nord de la France, cela correspond par exemple aux variétés Vegga, Es Athéna, Iris,Arigato, RGT Biggben ou Forum, qui affichent de bonnes valeurs UFL.

La valeur UFL, premier critère de choix des éléveurs

Après s’être assuré d’une précocité adaptée à son contexte, la valeur UFL est en effet le premier critère que les éleveurs doivent prendre en compte. « Plus on recherche de la performance, plus il faut être intransigeant sur la valeur UFL, souligne l’ingénieure. Dans le détail, je vais ensuite regarder sous quelle forme la variété apporte cette énergie : c’est-à-dire que, en fonction des contraintes de ma ration, je vais chercher des variétés au profil plutôt riche en sucres ou en amidon. »

L’un des intérêts du sorgho en complément du maïs est d’apporter de l’énergie sous forme de sucres solubles. Dans le contexte d’une ration riche en maïs ensilage, la complémentarité alimentaire vise à opter pour une variété la plus riche possible en sucres, sans dépasser la teneur maximale en amidon que l’on s’est fixée. Parmi les variétés au profil amidon, on trouve Vegga, Argensor, ou RGT Swingg. Il s’agit surtout de variétés typées grain qui ont moins de mal à monter en MS à la récolte et dont la conduite est plus proche de celle du maïs, mais moins complémentaire de celui-ci. Une variété comme Rutile fait sa valeur grâce aux sucres et d’autres ont un profil équilibré, comme Nutrigrain ou Iris.

Pour l’alimentation animale, la productivité des variétés est le second critère à prendre en compte. « Plus on va chercher des variétés productives, plus la valeur énergétique a tendance à être faible. Le but est donc de trouver le juste compromis entre ces deux critères, par exemple les variétés Es Hyperion ou Émeraude qui apportent un peu plus de rendements, tout en conservant une valeur alimentaire adaptée à l’ensilage », explique Agnès Tréguier. Sur le terrain, on observe également la pratique de mélanger au semis des variétés riches en énergie en associant une variété productive à une autre variété sécurisant l’atteinte d’un taux de matière sèche permettant une bonne conservation.

Vigueur et résistance à la verse pour sécuriser la culture

La vigueur au départ peut être un critère d’intérêt pour sécuriser l’implantation de la culture, plus particulièrement lorsque les conditions climatiques sont un peu difficiles au printemps, c’est-à-dire fraîches donc peu poussantes. Il faut retenir que la graine de sorgho est petite et par conséquent moins vigoureuse à la levée que d’autres espèces. Une installation rapide de la culture permet de couvrir plus rapidement le sol et limitera un peu la concurrence précoce des adventices. L’effet de la vigueur n’est cependant pas miraculeux dans ce domaine et la maîtrise des mauvaises herbes reste une étape délicate de la conduite de la culture.

Enfin, le critère de résistance à la verse est important dans des secteurs venteux et pluvieux en fin de saison. Les variétés mâles stériles et PPS sont souvent moins sensibles à la verse en raison d’un poids des grains moins important au sommet de la plante. « Dans tous les cas, une variété trop sensible ne sera pas retenue à l’inscription, précise l’ingénieure. Le choix d’une variété est une affaire de compromis. Après la valeur alimentaire, l’éleveur doit essayer de retenir celle qui correspond le mieux à son environnement. »

(1) À télécharger sur le site arvalis.fr.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

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