La betterave fourragère assure les rendements

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Cette pratique a l’avantage de régler la question du matériel de récolte et offre un apport de fourrage frais dans des systèmes herbagers, à une période où les prairies sont grillées.
Cette pratique a l’avantage de régler la question du matériel de récolte et offre un apport de fourrage frais dans des systèmes herbagers, à une période où les prairies sont grillées. (© DR)

Les relevés de terrain confirment que, grâce à sa période de végétation décalée, la betterave fourragère sécurise les stocks d’UFL dans les zones à aléas pour le maïs.

Comme chaque année, l’interprofession des semences (Semae) publie les résultats d’essais variétaux de la betterave fourragère. Lors de la campagne 2022, les 4 séries d’essais réalisés dans l’Eure, l’Ille-et-Vilaine, la Seine-Maritime et le Nord affichent un rendement moyen de 16,6 tMS/ha, soit une baisse de seulement 8 % par rapport à 2021.

Ces essais distinguent trois types de variétés, selon leur teneur en matière sèche (MS). Les variétés moyennement riches en MS (14 à 17 %) : leur racine est moins enterrée, elles peuvent être pâturées et distribuées aussi bien entières que hachées. Plus souples d’utilisation, elles pèsent deux tiers des ventes de semences. La tendance s’oriente néanmoins vers des variétés avec des taux de MS plus élevés qui se conservent mieux et sont plus productives, mais doivent être distribuées hachées pour les plus riches.

De 45 à 60 tonnes et 1,22 UFL/kg dans la Meuse

Précisons que les essais de Semae portent sur des variétés activées, une technique de prégermination conçue pour une meilleure levée, sur des microparcelles et dans des régions au potentiel pédoclimatique favorable.

Dans la Meuse, secteur autrement plus séchant (750 mm/an de précipitations), les techniciens de l’union laitière (ULM) ont fait le bilan de la récolte 2022 chez les adhérents de la coopérative : le rendement moyen est de 11 tMS/ha. Selon les situations, les rendements bruts sont compris entre 45 et 60 tonnes/ha, avec des taux de MS de 15,9 à 23,7 % pour les variétés de type très riche en MS, Laurena et Florie, qui ont également le plus fort taux de sucres. La valeur énergétique est très homogène : entre 1,19 et 1,22 UFL, contribuant ainsi à sécuriser la ration dans un secteur où le maïs affiche un rendement de 8 tMS/ha (de 6 à 10,5 t de MS) et des valeurs de 0,85 à 0,95 UFL.

De 7 à 11 tonnes de MS au sud de la Loire

En Nouvelle-Aquitaine, dans le cadre du programme AccéLaiR, 22 parcelles ont été suivies en élevage dans une région où, face aux aléas climatiques sur maïs de plus en plus fréquents, les éleveurs cherchent des solutions pour sécuriser les apports énergétiques. En conventionnel, le rendement moyen est de 10 tMS (de 7 à 11 t) et en bio de 7 tMS (de 5,4 à 7,8 t). « Dans les meilleures terres, les rendements des semis précoces montent jusqu’à 15 tMS. À l’opposé, dans des petites terres sableuses et acides, avec des semis tardifs après une dérobée, ils chutent à 5 tonnes », indique Adèle Marsault, ingénieur Idele à la station de Lusignan (Vienne).

La moitié des élevages suivis ont la particularité de pâturer les betteraves de fin août jusqu’à mi-octobre, voire plus tard : « Même dans cette configuration, les éleveurs s’orientent vers des variétés plus riches en MS, car ils n’observent pas de difficultés à déterrer les betteraves avec des taux de 18 % de MS ou plus. La perte de rendement racine lié à un pâturage précoce dès la fin août est en partie compensée par un rendement feuille supérieur. »

À Trévarez, un gain économique pas si évident

À l’issue d’un essai mené à la station expérimentale de Trévarez (Finistère) pendant deux hivers consécutifs, le rendement des betteraves implantées derrière une prairie, sans fertilisation, était le suivant : en 2019, 15,8 tMS/ha contre 11,1 tMS pour le maïs ensilage ; en 2020, 12,9 tMS, contre 13,5 t pour le maïs. « La betterave a surtout un intérêt là où le maïs ne dépasse pas 12 tMS/ha, analyse Valérie Brocard de l'Idele. À Trévarez, ce sont les sommes de température qui sont le facteur limitant du maïs. Lors d’années froides, la betterave s’en tire mieux grâce à sa longue période de végétation. » Dans tous les cas, la production d’UFL/ha est de 20 % supérieure à celle du maïs ensilage.

Sur le volet zootechnique, l’intérêt de la betterave est apparu moins évident. Pendant dix semaines, deux lots de vaches holsteins ont reçu une ration différente : un lot avec du maïs ensilage à volonté + 4 kg d’ensilage d’herbe et du tourteau de colza ; et un lot avec 4 kg de betterave en remplacement de 4 kg de maïs. « À partir de régimes combinant ensilages d’herbe et de maïs à volonté, équilibrés en azote, on observe une baisse de lait (-1 kg/vache) et une hausse de taux (+0,9 de TB et +0,7 de TP), pour un impact économique nul lié à des charges de mise en culture de la betterave plus élevées. » Selon l’observatoire de l’alimentation des vaches laitières Res’Alim, l’intérêt est plus marqué dans les systèmes herbe/foin du Grand Est où l’apport de 1,5 kg MS de betterave/jour en moyenne pendant cinq mois s’accompagne d’un gain de 1,5 kg de lait et 2 points de TB.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

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