
L'organisme de contrôle laitier Optival anime des groupes d'éleveurs équipés de robots de traite. Les échanges portent sur des problématiques bien précises, à l'issue desquels des conseils sont délivrés pour mieux gérer les troupeaux.
OPTIVAL REGROUPE LES CONTRÔLES LAITIERS de la Meuse, de la Meurthe- et-Moselle et des Vosges. Cet organisme anime depuis quelques années des groupes d'éleveurs équipés de robots de traite. Il répond ainsi à une demande de ces derniers qui se sentent isolés face à ce nouvel équipement et ressentent le besoin d'échanger. Aujourd'hui, ces groupes réunissent une soixantaine d'éleveurs. L'exploitation moyenne se compose d'un troupeau de 75 vaches sur une surface de 270 ha de SAU. Plusieurs réunions de suite ont permis d'approfondir un thème spécifique aux robots. Le dernier domaine étudié porte sur les bonnes pratiques alimentaires à adopter dans les élevages robotisés.
Distribuer deux aliments et non un seul
Pour ajuster les concentrés au plus près de la production de chaque vache, il faut distribuer deux aliments au robot plutôt qu'un seul. « Nous conseillons d'apporter seulement la moitié du correcteur azoté à l'auge. Il est possible d'incorporer un aliment de moyenne gamme ou de s'orienter vers des matières premières pures, comme du tourteau de colza. Au robot, un correcteur de meilleure qualité peut être distribué car il est plus facile de maîtriser les quantités » , explique Benoît Dumet, contrôleur laitier spécialisé en robot de traite à Optival.
Lorsqu'un seul aliment est distribué, les fabricants ont tendance à proposer un aliment à forte teneur en MAT (26 à 32 %). « Les vaches vont alors produire du lait, mais risquent de perdre du poids. Le TP va chuter et des problèmes de reproduction peuvent apparaître. » Mieux vaut utiliser des concentrés moins azotés, entre 16 à 20 % de MAT. Ils présentent aussi l'intérêt d'être moins coûteux.
Éviter les changements fréquents d'aliments
Les vaches sont sensibles à la nature des aliments. On conseille d'éviter d'en changer fréquemment, car elles s'habituent à consommer le même concentré. Il est souvent difficile de conserver une qualité stable car les fabricants jouent sur la formulation pour garder un niveau de prix constant. « La fréquentation du robot peut varier énormément selon les livraisons. Les aliments spéciaux robot permettent dans un premier temps d'augmenter le nombre de traites mais, à terme, la fréquentation revient à un niveau habituel. »
Limiter les quantités d'aliment par traite
Le temps d'ingestion est limité puisque chaque vache passe, en moyenne, 10 min par traite. Lorsque les aliments se présentent sous forme de granulés, les quantités consommées ne dépassent pas 300 g/min. Pour ce type de concentré, on conseille de ne pas distribuer plus de 3 kg. Concernant les céréales aplaties, l'apport doit être limité à 2,5 kg. La distribution de farine est déconseillée, car elle produit trop de poussière et colmate le fond de l'auge. Des quantités minimales sont à respecter. En circulation libre, l'apport doit au moins être égal à 1 kg tandis qu'en circulation guidée, 0,5 kg suffit.
Veiller à l'apport de fibres dans la ration
Plus encore qu'en traite classique, l'apport d'un minimum de fibres dans la ration est capital. De nombreux troupeaux sont en situation de subacidose avant l'arrivée du robot.
À la mise en route, ce problème métabolique, qui provoque des boiteries, peut avoir de lourdes conséquences sur la fréquentation. « Certaines vaches vont aussi se coucher durant un long moment dans les logettes et, une fois levées, se diriger vers le robot et avaler des grosses quantités de concentré alors que leur panse est vide. » Pour éviter d'éventuels problèmes métaboliques, le taux de cellulose moyen dans la ration doit être supérieur à 17 %.
Raisonner la distribution de propylène glycol
Lors de la vente, les fabricants d'installation de traite offrent souvent la pose gratuite d'une pompe à propylène glycol sur le robot. Ce cadeau peut vite s'avérer un piège pour les éleveurs. Ces derniers ont non seulement tendance à distribuer systématiquement cet additif à l'ensemble du troupeau. Mais en plus, ils l'apportent au mauvais moment, durant les deux ou trois premières semaines après le vêlage. Ces deux pratiques ne sont pas recommandées.
« Le propylène glycol sert à éviter les acétonémies. Il faut le donner aux vaches qui présentent les signes de la maladie : diminution d'ingestion, baisse du TP, augmentation du TB… Par ailleurs, cet additif est à distribuer durant le pic de lactation, c'est-à-dire de la troisième semaine à la sixième semaine après le vêlage. »
Dernier élément qui pousse en faveur d'un usage raisonné de cet additif : il est coûteux et se révèle peu appètent pour les animaux.
Un problème d'acétonémie dans un troupeau a pour origine une mauvaise préparation au vêlage. Cette maladie métabolique est due à des rations trop riches durant le tarissement. Les vaches vont alors engraisser et seront incapables de mobiliser leurs réserves corporelles après le vêlage.
Respecter les consignes au pâturage
Les éleveurs du groupe robot valorisent peu l'herbe sur leur exploitation. Pourtant, des études démontrent que le pâturage des vaches avec un robot est une pratique envisageable. Il faut néanmoins respecter certaines consignes. Il est recommandé de créer un circuit dans le bâtiment pour que les vaches passent au robot avant d'aller à la pâture. La mise en place de chemins d'accès aux parcelles stabilisés est conseillée.
« Les éleveurs doivent aussi aller chercher les vaches qui ne reviennent pas naturellement se faire traire au moins une fois par jour. L'idéal est de mettre en place une parcelle de jour et une autre de nuit pour éviter de ramener les bêtes déjà traites. » Enfin, il est possible de mettre en place un point d'eau sans pénaliser la fréquentation du robot jusqu'à une distance de 600 m.
NICOLAS LOUIS
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