La station Agroscope a tout essayé pour lutter sans herbicide contre les rumex : moyens mécaniques et thermiques. Ses travaux débouchent sur une solution « toute simple » : pulvériser de l'eau à 80-90°C avec un nettoyeur à haute pression.
IL N'Y A QUE LES SUISSES POUR MENER UN TEL PROGRAMME DE RECHERCHE ! À la station Agroscope Reckenholz-Tänikon, Roy Latsch planche depuis six ans sur des moyens novateurs de lutte biologique contre le rumex. Ceux qui s'interdisent de travailler avec des herbicides contre cette plaie des prairies ont compris qu'il cherche des alternatives au fastidieux travail avec un fer à rumex, outil bien connu des producteurs bio. Cette bêche à deux dents sert à déterrer les 15 à 20 cm de la racine pivotante du rumex (elle peut atteindre jusqu'à 2 m). « Dans les dix à quinze premiers centimètres, le système racinaire présente une zone de transition entre la tige et la racine proprement dite, appelée hypocotyle. La partie de l'hypocotyle avec écorce est responsable de l'extraordinaire capacité de régénération du rumex. D'infimes fragments de ce tissu peuvent donner naissance à de nouvelles plantes », explique le chercheur. À défaut de moyens de lutte mécanique donnant vraiment satisfaction, c'est par cet angle d'attaque que Roy Latsch a pris le problème. Son idée : détruire, par traitement thermique, cette partie si particulière de la racine du rumex capable de repousser jusqu'à une profondeur de 10 cm dans le sol. Restait à trouver un moyen efficace de chauffer l'hypocotyle, ses essais ayant montré que le fait de plonger les racines dix secondes dans une eau à 90°C permettait de tuer la plante.
L'expérimentation de traitement thermique conduite avec un piton de 20 cm de long (20 mm de diamètre), chauffé jusqu'à 800°C à l'aide de gaz et planté dans le sol, est sans surprise un échec. Difficulté de manipulation, durée de chauffage trop longue (au moins 5 min par plante) et taux de mortalité insuffisant expliquent cela. L'autre voie testée d'un traitement par micro-ondes plutôt efficace (80 % des rumex supprimés) est aussi sans suite. En cause : le temps de traitement (27 secondes par plante) et la consommation d'énergie qui en découle, l'équivalent de 0,1 l de gas-oil par plante... trop coûteux pour une application à la ferme.
LA BUSE À JET ROTATIF PLUS EFFICACE
La troisième voie explorée sera la bonne. Pour chauffer la racine, on a recours cette fois à un nettoyeur à haute pression pulvérisant de l'eau chauffée à au moins 80°C. Deux types de nettoyeurs ont été utilisés à Tänikon, le premier électrique (Kärcher HDS 9/18-M de la catégorie compacte) couplé à un générateur mobile (380 V/15 kVA), le deuxième avec moteur à combustion intégré (Kärcher HDS 1000 DE).
Cette deuxième solution, moins sophistiquée, apparaît bien plus adaptée à une utilisation en exploitation, l'ensemble nettoyeur à haute pression et réserve d'eau pouvant être transporté sur une remorque ou à l'arrière d'un pick-up.
Pour trouver la façon la plus efficace d'apporter l'eau de façon ciblée sur les dix premiers centimètres de la racine, plusieurs têtes d'application ont été testées : des modèles s'enfonçant dans le sol, dotés d'une à trois pointes percées et de différentes longueurs, un modèle en forme de cloche étanche et, pour finir, une buse à jet rotatif. Cette dernière s'avérera la plus efficace et facile à utiliser. Pas besoin en effet d'enfoncer une quelconque pointe dans le sol, tâche pas évidente en conditions sèches ou pierreuses. Avec la rotabuse placée perpendiculairement au sol, c'est l'eau chaude pulvérisée autour du pied de rumex, qui creuse son trou sur les 10 à 15 cm nécessaires.
150 À 180 PLANTS TRAITÉS À L'HEURE
Au-delà de cet aspect pratique, la buse rotative est surtout celle qui demande le moins d'eau. Avec une humidité du sol de 40 % et pour atteindre une mortalité d'au moins 80 %, il ne lui faut que 1,6 l d'eau à 90°C par plante (2,6 à 3,7 l pour les deux têtes avec trois pointes percées, 3,8 l avec celle en forme de cloche). Conséquence : la rotabuse est celle qui demande le moins d'énergie et de carburant pour chauffer l'eau. « Comparées à la technique par micro-ondes, les variantes avec eau chaude demandent quatre à six fois moins de carburant. Avec la rotabuse, moins de 0,02 l de mazout/plante suffit. »
La seconde année d'essai, consacrée à la rotabuse, a confirmé qu'il fallait que la température de l'eau atteigne au moins 80°C pour arriver à une mortalité de plus de 80 %. « Le procédé a besoin de davantage d'énergie quand le taux d'humidité du sol est très élevé, notamment dans des sols saturés en eau (plus de 45 % d'humidité). L'efficacité peut donc être améliorée en effectuant le traitement sur des sols asséchés », relève Roy Latsch. À raison de 12 secondes par pied avec la rotabuse, le rendement peut aller de 150 à 180 plantes/h pour des surfaces à fort pourcentage d'adventices, à comparer aux 60 plantes avec le fer à rumex (avec l'évacuation des racines).
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