
Les premiers retours d'analyses montrent des ensilages d'une meilleure qualité que l'an dernier, en particulier sur le critère de l'ingestion et de la digestibilité tige-feuilles.
FIN OCTOBRE, LES ENSILAGES DE MAÏS SONT À PEINE TERMINÉS. Aussi n'avons-nous qu'une estimation de leur qualité fondée sur les toutes premières analyses. Exceptées quelques régions où les plantes ont manqué de maturité, le millésime 2013 devraient être meilleur que le précédent : plus d'amidon et surtout une meilleure digestibilité de la plante entière. Rien d'exceptionnel pour autant, avec des conditions de végétation atypiques : printemps froid, été chaud avec parfois de forts déficits hydriques.
DANS LES PAYS DE LA LOIRE
L'espoir d'une cellulose digestible ?
Dans cette région, il faut distinguer les maïs secs des maïs irrigués. Sans l'irrigation, les ensilages de maïs sont souvent pauvres en amidon (20 % au lieu des 30 % attendus). En cause : des semis tardifs qui ont réduit le potentiel en grains et, surtout, des semis précoces qui ont subi les coups de chaud de juillet à la floraison. À l'inverse, le niveau de cellulose brute est élevé : 24 % (au lieu de 20 % pour un maïs classique). Contrairement à l'an passé, cette cellulose semble assez digestible (71 % de DMO selon les premières analyses) du fait de plantes jeunes à la récolte. Cela relèvera le niveau des ensilages de maïs 2013 comparés à ceux de 2012, très mauvais pour la production laitière. Au final, la valeur UFL moyenne devrait être de 0,89 UFL avec un encombrement plus faible que l'an dernier. Ces maïs de qualité très moyenne serontà compléter avec un concentré amidon. La valeur en azote soluble est particulièrement faible cette année (moins de 40 g de PDIN/kg de MS). Il faudra en tenir compte dans la complémentation. Les maïs irrigués ont une tout autre allure : de l'amidon mais sans trop, 26 % et 0,91 UFL/kg de MS avec un bon niveau de cellulose brut (21 %). Cela devrait donner des ensilages de maïs assez rassurants par rapport au risque d'acidose.
EN LORRAINE
Deux types de maïs
La déception est d'abord sur les rendements avec une moyenne de 8 à 9 t/ha de MS. La première vague des analyses concerne les semis de mi-avril. Elles montrent des ensilages récoltés à la bonne maturité (30-32 % de MS) avec des teneurs élevées en amidon (32-35 %), surtout sur les semis précoces qui n'ont pas souffert de stress hydrique du fait de pluies estivales assez régulières. Des maïs riches en grains donc, mais de petite taille car ils ont souffert du froid au printemps. Ces maïs seront digestibles (74 % de DMO) avec une bonne valeur UFL, 0,93-0,96 UFL, donc aptes à faire du lait.
Attention, ces maïs sont plutôt à compléter avec un concentré de type « parois » de façon à prévenir le risque d'acidose.Ils se marieront bien aux ensilages d'herbe 2013, assez encombrants et faibles en UFL. Les maïs tardifs, qui ont été semés jusqu'à mi-juin, ont un autre profil : de grande taille avec des épis peu développés. Conséquence : peu d'amidon (20 %) une maturité qui aura du mal à atteindre 30 % de matière sèche mais avec de la cellulose digestible.
EN NORMANDIE
Du grain souvent très mûr
Les conditions de végétation ont été atypiques avec des semis tardifs ou des maïs qui ont tardé à lever. Les floraisons ont eu lieu autour du 15 août pour des récoltes plus tardives que d'habitude. Côté rendement, l'année est moyenne avec de gros écarts selon les parcelles. Les premières analyses montrent des maïs assez secs, 35 à 40 % de MS. Même si les plantes avaient une allure très verte à la récolte, les grains étaient particulièrement mûrs, ce qui a pu piéger les éleveurs pour décider de la récolte. Le niveau d'amidon est élevé, proche de 35 %, soit 5 à 10 % de plus que l'an passé. À l'inverse, le niveau de cellulose brute est plus faible (autour de 18 %). Il sera donc difficile de tenir 18 % de cellulose dans la ration sans ajout de fibres de type ensilage d'herbe ou luzerne. La digestibilité de ces ensilages de maïs est bonne avec un niveau de 0,92 UFL et les premières réponses des troupeaux semblent confirmer cette qualité. Par rapport à 2012, ces maïs sont aussi mieux ingérés : 1 à 2 kg de MS en plus, c'est 2 à 3 kg de lait qui manquaient l'an dernier. Une autre caractéristique est leur faible teneur en azote : 40 à 50 de MAT au lieu des 65 attendus. Les plus pauvres sont à 32-35 g de PDIN. Pour 18 kg de MS ingérés, il manque 180 g de PDIN, soit l'équivalent de 600 g de soja qui, au final, renchérissent la ration de 7 à 8 d/1 000 l. Beaucoup de ces maïs 2013 ont été récoltés avec des grains très mûrs présentant une part importante d'amidon vitreux. Il fallait donc être très vigilant au réglage de l'éclateur de grains sur l'ensileuse. Cela n'a pas toujours été le cas et une partie de l'amidon disponible dans le silo pourrait être moins bien valorisée que prévu par les animaux, surtout pendant les premières semaines qui suivent l'ouverture du silo avant que l'amidon ne se solubilise un peu. L'apport d'une complémentation avec de l'énergie rapidement fermentescible type blé ou pulpe de betterave pourrait alors se justifier.
EN BRETAGNE
Des ensilages mieux ingérés que l'an dernier
Fin octobre, il était encore un peu tôt pour qualifier les ensilages de maïs bretons. Trop peu d'analyses étaient disponibles pour donner une estimation des valeurs en amidon et cellulose. Les rendements ont été globalement corrects, bien qu'inférieurs à l'an passé. Par contre, le niveau de matière sèche est supérieur (34 %) et le niveau d'encombrement sans doute inférieur au maïs 2012. Si la bonne digestibilité espérée se confirme, ces ensilages maïs devraient permettre de meilleures lactations que l'an dernier. Comme dans d'autres régions, la complémentation en azote sera importante.
DANS L'AVEYRON
Des fourrages décevants
Beaucoup de maïs ont manqué de sommes de températures avec un déficit de maturité à la récolte. Conséquence, les matières sèches à la récolte sont assez faibles : seulement 30 % en moyenne. La teneur en amidon n'est pas non plus très élevée : 240 g/kg de MS mais la valeur énergétique des premières analyses reste correcte : 0,92 UFL. Cela laisse supposer une bonne digestibilité de la partie tige-feuilles. Ces ensilages de maïs, assez humides et pauvres en amidon sont assez décevants, d'autant que les ensilages d'herbe 2013 auxquels ils sont souvent associés affichent des analyses médiocres : humides (17 à 20 % de MS), pauvres en énergie (0,63 UFL) et encombrants (1,22 UEL). Il faudra être très vigilant sur la complémentation énergétique de ces rations en début de lactation.
DOMINIQUE GRÉMY
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