Faux poulets de batterie, vraies algues vertes et purin : des militants de l'ONG environnementale Greenpeace ont répandu lundi des milliers de litres de lisier devant le ministère de l'agriculture, réclamant « un moratoire sur les fermes-usines » au nom du bien-être animal et de la protection de la planète. (Article mis à jour à 22h)
Arrivés vers 9h devant le ministère, une bétaillère contenant un cochon géant gonflable et un camion grillagé transportant des militants déguisés en poulets ont bloqué la rue de Varenne, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Animaux enfermés, lisier qui déborde, pollution de l’environnement, risques avérés pour notre santé, paysans en difficulté… Voilà ce qu’est devenu l’élevage en France : une industrie.@MFesneau doit agir et stopper le développement des fermes-usines en France. ❌ pic.twitter.com/PT6IgouNDs
— Greenpeace France (@greenpeacefr) November 20, 2023
Rapidement, des activistes vêtus de combinaisons blanches et d'un T-shirt floqué du slogan « Stop fermes usines », ont commencé à déverser du lisier, un mélange liquide d'excréments animaux servant d'engrais, sur une bande-son de (vrais) cris de porcs.
« Nous avons déversé deux tonnes de lisier pour dénoncer le modèle d'élevage industriel qui, face à la crise environnementale et climatique, doit faire l'objet d'une profonde transformation », a expliqué Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne agriculture à Greenpeace France.
L'opération a pris fin vers 11 h, « onze activistes » ayant été interpellés selon l'ONG.
Dans le même temps, Greenpeace a organisé des rassemblements « contre les fermes-usines » dans une vingtaine de villes: de petits groupes de militants se sont ainsi réunis, avec banderoles et fumigènes, devant les préfectures de Marseille, Lyon, Nantes, Quimper, Dijon, Strasbourg ou Bordeaux, selon un communiqué de l'ONG.
« Nous demandons un moratoire sur tous les nouveaux projets de construction ou d'extension de fermes-usines en France. Dans le cadre de la transition écologique et pour le bien-être animal, il est nécessaire de déployer d'autres modèles d'élevage », a ajouté Sandy Olivar Calvo.
L'ONG place sous l'appellation « ferme-usine » les exploitations devant faire l'objet d'une autorisation des services de l'État en raison de leur impact potentiel : ces fermes peuvent accueillir jusqu'à 750 truies ou plus de 40 000 volailles.
Sur la base de données du ministère de la transition écologique, Greenpeace recense quelque 3 000 « fermes-usines » en France (sur 145 000 exploitations spécialisées dans l'élevage), principalement de volailles et de porcs. Les deux tiers se concentrent dans l'ouest du pays.
« Ces fermes-usines, c'est 3 % de l'élevage qui concentre 60 % du cheptel. En Bretagne, cette concentration contribue à polluer les nappes phréatiques et à la prolifération des algues vertes », a affirmé une militante, en désignant des fûts d'« algues vertes » marqués d'une tête de mort au pied du camion.
L'ONG s'inquiète de la future loi d'orientation agricole, plusieurs fois reportée et désormais annoncée pour début 2024. « Ce texte, qui sera l'unique loi agricole du quinquennat, doit être l'occasion de repenser l'élevage en France », a plaidé Sandy Olivar Calvo, déplorant « un cruel manque d'ambition du gouvernement ».
De leur côté, les principales organisations agricoles (syndicat d'exploitants FNSEA, chambres d'agriculture, fédération des coopératives agricoles) soulignent régulièrement que les fermes seront à l'avenir moins nombreuses et plus grandes : il y a de moins en moins d'agriculteurs et ceux qui restent ou s'installent cherchent à travailler à plusieurs, notamment pour pouvoir se dégager des jours de repos.
« Quand on refuse l'augmentation de la taille des élevages, on accroît la difficulté à renouveler » la profession, estimait ainsi récemment lors d'une conférence de presse le président des chambres d'agriculture, Sébastien Windsor.
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