Richard Blanc : « Eleveurs, demandez-vous pourquoi ce projet est plébiscité ! »

Richard Blanc : « Eleveurs, demandez-vous pourquoi ce projet est plébiscité ! »

Quatre mois après le lancement officiel du projet de lait équitable Fairefrance, des éleveurs de la coopérative Faircoop, au cœur de l’initiative, se réunissent à Paris ce samedi 26 octobre 2013 pour une nouvelle action de promotion auprès des consommateurs. Richard Blanc, le président de la structure, fait le point sur le développement du projet, et répond aux critiques.

briques de lait équitable FairefranceFaircoop estime à 800.000 le nombre de briques de lait équitable vendues depuis le lancement du projet Fairefrance en juin 2013. (©Fairefrance) 

Web-agri : Vous avez officiellement lancé le projet Fairefrance en juin dernier au Mont-Saint-Michel, là-même où vous jetiez du lait lors de la crise du lait en 2009. Qu’en est-il quatre mois plus tard ?

Richard Blanc, président de la coopérative FaircoopRichard Blanc, président de la coopérative Faircoop (©Fairefrance)

Richard Blanc : C’est un succès remarquable auprès des consommateurs. Nous poursuivons le démarchage des grandes enseignes de la distribution. Le lait sous label Fairefrance est désormais référencé dans quatre centrales d’achat Intermarché, deux centrales Leclerc et environ 150 magasins indépendants de la même enseigne. Nos briques de lait sont aussi disponibles dans les Carrefour du Nord, de Normandie et de Bretagne. A partir du 1er décembre, elles seront disponibles dans tous les Carrefour de France mais aussi les enseignes associées : Carrefour market, Carrefour city, etc…  Chez Système U, le démarrage est plus timide, avec 60 à 70 magasins.

Web-agri : Quel volume de lait ce développement représente-t-il ?

Richard Blanc : Notre unique partenaire Lsdh, la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel,  a fabriqué pour nous environ 1 million de litres de lait. Au niveau commercialisation, nous avons écoulé près de 800.000 briques. Chaque mois, nous doublons nos ventes. Ce démarrage est très positif. Nous devrions atteindre notre objectif d’écouler 10 millions de litres sur un an.

Web-agri : Du côté des producteurs, combien d’adhérents compte la coopérative Faircoop ?

Richard Blanc : Autant le succès commercial auprès des consommateurs et des grandes enseignes est un succès, autant la participation des producteurs est très décevante. Faircoop compte 800 adhérents, pas plus qu’en juin dernier.

Web-agri : Comment expliquez-vous cela ?

Richard Blanc : Je ne vois qu’une explication d’ordre politique et  l’influence négative du syndicalisme majoritaire tant chez les producteurs qu’au sein des coopératives. La Fnpl, notamment, ne veut pas entendre parler de notre projet. Pourquoi, lorsque nous avons lancé notre appel à partenariat, aucune coopérative laitière n’a souhaité participer au projet, alors que Faircoop achète le lait plus cher que le prix du marché ? Parce que les représentants du syndicalisme majoritaire, également impliqués dans les coopératives, n’en voulaient pas. Et seul Lsdh, un groupe familial indépendant, a accepté de nous soutenir.

Web-agri : Votre initiative est critiquée par certains producteurs de lait. Les uns la considèrent comme une simple opération marketing galvaudant le terme « équitable », d’autres dénoncent le fait que Faircoop est ouvert à tout agriculteur, et pas seulement aux apporteurs de lait. D’autres encore pointent du doigt le fait que Faircoop ne serait qu’un intermédiaire de plus. Que leur répondez-vous ?

Richard Blanc : Oui, la coopérative Faircoop est un intermédiaire de plus dans la filière. Mais un intermédiaire réellement contrôlé par les agriculteurs qui leur permet de reprendre l’argent qu’ils n’ont pas eu en livrant leur lait à leur collecteur à cause des prix bas pratiqués. Je peux vous dire que tous les agriculteurs qui participent à des actions de promotion en magasin et qui défendent le projet auprès des consommateurs repartent avec un bien meilleur moral après avoir vu l’enthousiasme des clients à soutenir la démarche.  C’est d’ailleurs le but premier du projet : Impliquer le producteur-coopérateur à la commercialisation du lait en allant échanger avec les consommateurs.

Les agriculteurs qui participent aux actions de promotion en magasin repartent avec un bien meilleur moral après avoir vu l'enthousiasme des consommateurs.

Les éleveurs doivent se demander pourquoi nous faisons tout ça ! Le démarrage prometteur du projet montre que les consommateurs sont prêts à payer plus cher notre lait s’ils ont la certitude que cela permet de mieux rémunérer le producteur. Nous avons tenté l’expérience et ça marche.

Par contre, les grandes coopératives, elles, ne se privent pas pour faire des opérations marketing au détriment des éleveurs eux-mêmes. Le « lait d’ici » par exemple, censé valoriser une production proche du consommateur, reste un lait premier prix qui n’apporte pas grand-chose aux éleveurs.

Nous avons aussi fait le choix d’ouvrir la coopérative à tous les agriculteurs car, espérons-le, nous pourrons développer le concept du lait équitable à d’autres productions. Nous aimerions bien pouvoir commercialiser un jour de la viande porcine ou de la volaille sous ce label, avec une juste rémunération des producteurs.

Web-agri : Justement, quelles sont les prochaines étapes de Fairefrance ?

Richard Blanc : Après le lancement du lait ½ écrémé, nous commercialiserons,  dans trois ou quatre mois, du lait chocolaté à un prix plus bas que les grandes marques. En parallèle, nous allons mener des actions de sensibilisation auprès des éleveurs, pour les convaincre de l’intérêt de notre projet.

Web-agri : Un mot sur votre action de promotion ce samedi 26 octobre à Paris ?

Richard Blanc : Entre 150 et 200 producteurs vont venir promouvoir le lait équitable dans les rues de Paris et sur la Place de la République. Ensuite, ils iront à la rencontre des consommateurs dans 25 magasins Carrefour de la région parisienne.

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Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
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Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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