
Une semaine avant leur assemblée générale, les industriels de la viande veulent montrer par des chiffres toutes les difficultés des entreprises d’abattage et de transformation. Coincés entre une course aux prix bas imposée par les Gms et des coûts qui ne cessent de grimper, le Sniv-Sncp veut interpeler le ministre de l’Agriculture.

Le Syndicat des industriels des viandes s’alarme plus que jamais de la situation difficile que subissent ses entreprises d'abattage et de découpe. Une semaine avant son assemblée générale, qui se tiendra mardi 1er octobre à Paris, le syndicat a souhaité faire parler les chiffres pour rappeler que « des ruptures sont nécessaires ».
Ainsi, selon le syndicat, reprenant les chiffres publiés par FranceAgriMer, le solde commercial 2012 en viande bovine est désastreux : un déficit de 332,8 M€ pour les seules viandes fraîches et congelées, auxquels il faut ajouter celui des viandes transformées, estimé à 47,5 M€.
Face au marasme des filières des viandes, caractérisé par une baisse sensible des volumes produits et abattus, par une baisse de la consommation française et surtout par une perte de parts de marchés dans les pays tiers, le Sniv cible d’abord la concurrence, et surtout celle de l’Allemagne. « Il y a 12 ans, l’Allemagne importait plus d’un million de tonnes de viande de porc. Aujourd’hui, elle en exporte 2,4 Mt ! » Les industriels tentent d’adapter au mieux l’offre à la demande des pays, mais, d’un point de vue économique, difficile de faire face aux Allemands qui « pratiquent toujours un dumping social effréné ».
Plainte contre l’Allemagne en cours d’instruction
Début 2011, le Collectif contre le dumping social en Europe, que le directeur du Sniv Pierre Halliez préside, avait porté plainte auprès de la Commission européenne pour dénoncer l’interprétation faite par l’Allemagne de deux directives européennes concernant le personnel détaché et les travailleurs intérimaires.
Selon le syndicat, grâce à l’emploi de main-d’œuvre bon marché venue des pays de l’Est, un salarié dans l’industrie de l’abattage-découpe de porcs coûte en moyenne deux fois moins cher Outre-Rhin qu’en France.

Pierre Halliez s’est aussi félicité que le Gouvernement belge ait, lui aussi, porté plainte pour cette distorsion de concurrence opérée par les Allemands. « Cela permet de maintenir une pression politique forte ». Toutefois, avec les élections récentes en Allemagne et celles, prévues en 2014, pour élire les eurodéputés, le calendrier électoral va de toute évidence ralentir le traitement de ce dossier à Bruxelles.
Spirale de destruction d’emplois en France
Mais les difficultés des abatteurs ne se résument pas aux distorsions au sein même de l’UE. En France, le Sniv s’avoue impuissant face aux pratiques des distributeurs pour fixer les prix. Pierre Halliez reste même sceptique quant à l’efficacité de la loi sur la consommation, censée rééquilibrer les rapports de force entre les distributeurs et ses fournisseurs. « Je crains déjà qu’elle ait du mal à fonctionner car les nouvelles exigences inscrites dans la loi ne seront pas plus contraignantes que les mesures qui avaient été prises par l’accord du 3 mai 2011. »
Le syndicat dénonce surtout la course aux prix bas pratiquée par les enseignes de la distribution. « Regardez comment les Gms utilisent les promotions ! En viande de porc, nous constatons que, quel que soit le jour de l’année, des promotions sont pratiquées par environ 30 % des magasins. » Pour les industriels, il s’agit d’une « spirale de la destruction d’emplois ».
« Se donner les moyens d’améliorer la compétitivité »
De cette « spirale destructrice », il en sera évidemment question, mardi 1er octobre, lors de l’assemblée générale du syndicat. Jean-Paul Bigard débattra avec le responsable des produits frais du groupe Carrefour. Le président du Sniv et patron du groupe éponyme, entend surtout rappeler au ministre de l’Agriculture que « 2013 sera l’une des années les plus noires de l’industrie des viandes ».
Comme les coopératives, par la voix de Philippe Mangin, président de Coop de France, les industriels dénoncent certaines mesures qui empêchent les entreprises de regagner de la compétitivité. Comme l’écotaxe poids lourds, dont la mise en application est prévue au 1er janvier 2014. Répercutée sur les factures des clients, la taxe engendrera une hausse de 5,2 % du montant des prestations de transport.
Outre l’abandon pur et simple de l’écotaxe, les industriels voient d’autres mesures pour réduire leurs charges. « Pourquoi nos élus ne suppriment-ils pas l’obligation des tests Esb, alors que nos voisins européens l’ont déjà fait ? Il n’y a pourtant plus de risque sanitaire ! » insiste Pierre Halliez.
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