La Fnsea prévoit plus de 70 actions syndicales vendredi 12 avril

s cibles de ces manifestations seront finalement multiples. Les Gms seront évidemment visées dans certains départements, mais pas seulement. (© Alexandre Renault - le Paysan tarnais)

Au congrès de la Fnsea à Troyes, Xavier Beulin avait annoncé le 12 avril 2013 comme une grande journée de mobilisation pour « sauver l’élevage », ciblant « les distributeurs qui ne joueraient pas le jeu ». La teneur et l’ampleur des actions étaient encore à définir en fonction des avancées obtenues sur la question, notamment, de la hausse du prix du lait aux producteurs, dans le cadre de la table ronde sur la filière laitière, que Stéphane Le Foll a organisée lundi 8 avril dernier en présence de tous les protagonistes.

Les cibles de ces manifestations seront finalement multiples. Les Gms seront évidemment visées dans certains départements, mais pas seulement. Ainsi, Dominique Barrau, secrétaire général de la Fnsea, a recensé une dizaine d’actions qui cibleront des Gms. Une petite vingtaine de Fdsea ont prévu de rencontrer les parlementaires.

Mais pour l’essentiel, les agriculteurs du syndicalisme majoritaire organiseront des rassemblements devant les préfectures et sous-préfectures, avec le plus souvent, la remise d’un cahier de doléances aux représentants de l’Etat, et parfois des défilés de tracteurs. Dans d’autres départements, les préfets doivent aussi prévoir de se lever tôt, s’ils ne veulent pas un réveil plus musclé par les agriculteurs. Enfin, quelques tables rondes seront organisées, non pas vendredi, mais jeudi soir.

La Fnsea a par ailleurs édité une carte des actions syndicales prévues ce vendredi 12 avril.

Cahier de doléances en quatre axes

Dans son cahier de doléances que les agriculteurs remettront aux élus locaux, parlementaires, préfets et sous-préfets, la Fnsea demande d’abord la répercussion de la hausse des coûts de production sur les prix. « Un effort immédiat sur les prix est impératif », explique le syndicat. Concernant les filières avicole, porcine et bovine, « les accords du 3 mai 2011 doivent être appliqués sans délais. » Surtout, outre la révision de la Lme pour rééquilibrer les négociations commerciales, la Fnsea exige d’inscrire dans la loi une clause obligatoire de révision des contrats signés entre distributeurs et leurs fournisseurs pour prendre en compte les évolutions de l’alimentation animale.

Outre la question des prix à la production, le syndicat rappelle son exaspération face à la surenchère environnementale, réglementaire et fiscale, en énumérant, point par point, leurs revendications concernant la directive nitrates, les installations classées, mais aussi la gestion des prédateurs et la fiscalité.

« Les propositions de certains distributeurs pas suffisantes »

Depuis plusieurs mois, les producteurs de lait réclament une hausse de 30 €/1.000 du prix du lait, afin de faire face à l’envolée de leurs charges d’exploitation. Et en l’absence de réactivité des prix à la production à l’évolution des marchés mondiaux du lait, pourtant orientés à la hausse depuis plusieurs semaines, cette répercussion des charges sur les prix nécessite des engagements des transformateurs, et surtout des distributeurs.

Suite à la table ronde arbitrée par Stéphane Le Foll lundi 8 avril, entre tous les acteurs de la filière laitière, les distributeurs se sont engagés chacun de leur côté. Leclerc et Système U ont proposé une hausse de 2 à 3 centimes par litre de lait, quel que soit le produit. Les distributeurs réunis au sein de la Fcd (Monoprix, Auchan, Carrefour, Cora, Casino), quant à eux, ont proposé d’augmenter le prix d’achat du litre de lait de 2 centimes pour les trois prochains mois, et seulement pour le lait de consommation. Une offre qui reste insuffisante pour le syndicat majoritaire.

Sur son blog, Michel-Edouard Leclerc a fait, mercredi 10 avril, une nouvelle proposition, bien particulière. Le patron des enseignes Leclerc suggère aux distributeurs et transformateurs d’abonder rapidement un fonds de 180 M€ pour les éleveurs. Selon lui, cette somme correspond aux 3 centimes d’euros appliqués aux 6 milliards de litres de lait produits en un trimestre. Selon lui, cette proposition serait juridiquement moins contestable et éviterait les écueils d’un risque d’entente entre distributeurs. Michel-Edouard Leclerc ajoute sur son blog que ses enseignes sont prêtes à faire un chèque de 12 M€ correspondant à leur quote-part dans ce fonds d’urgence.

Les agriculteurs, eux, ne comptent pas en rester aux actions syndicales de vendredi 12 avril. La Fnsea a prévu d'organiser une grande action de sensibilisation, plus pédagogique que revendicatrice, à Paris, le 23 juin 2013.