JA veut donner un coup de jeune à la gouvernance

Eleveur laitier dans la Manche, Jérôme Chapon, en charge notamment de la coopération et de la filière laitière chez Jeunes agriculteurs, est devenu le porte-parole du syndicat pour défendre une remise à plat de la gouvernance des coopératives laitières. (© Terre-net Média)

La manière dont les coopératives laitières se préparent à la fin des quotas laitiers, avec, pour bon nombre d’entre elles, la mise en place de volumes et de prix différenciés, attise depuis plusieurs mois la méfiance de bon nombre de leurs adhérents. Une méfiance voire des critiques que les syndicats n’ont pas manqué d’exprimer ces derniers mois.

« Depuis la crise du lait et à l’approche de la fin des quotas laitiers, la coopération s’en est pris plein la figure », résume Jérôme Chapon, en charge notamment de la coopération et de la filière laitière chez Jeunes agriculteurs. « Mais critiquer ne suffit pas, il faut trouver des solutions ».

JA met donc les pieds dans le plat et entend donner un coup de jeune dans la gouvernance des coopératives pour redorer leur blason. Sur trois thématiques thématiques bien distinctes, le syndicat émet plusieurs propositions dans lesquelles les jeunes installés depuis moins de dix ans sont les principaux acteurs.

Comment impliquer davantage les jeunes agriculteurs dans leur coopérative ?

• Avoir le libre choix du collecteur au moment de l’installation

Depuis une dizaine d’années, un jeune qui s’installe en production laitière n’a plus le choix de son collecteur, selon JA, car il n’y a plus de concurrence entre laiteries au sein d’un même secteur. « On devient coopérateur par héritage », constate Jérôme Chapon. « Et lorsqu’un jeune ne choisit pas d’être coopérateur, il n’a pas le même état d’esprit et n’est pas motivé pour s’investir dans la structure. »

• Créer une section de jeunes ou un « conseil d’administration jeune »

Cette nouvelle instance permettrait d’aborder les problématiques spécifiques aux jeunes coopérateurs, tant techniques qu’économiques. Il serait consulté pour toutes les décisions stratégiques prises par le conseil d’administration. Ce dernier serait obligatoirement composé d’un nombre incompressible de membres installés depuis moins de dix ans.

• Limiter le nombre de mandats ou la durée des fonctions à dix ans pour les postes à hautes responsabilités

« Il ne s’agit pas de mettre à la porte les élus des coopératives qui sont en place depuis plus de dix ans, mais il faudrait imposer un renouvellement régulier des responsabilités », explique JA. Les élus non renouvelés continueraient d’apporter leur regard en tant que « consultants » ou au sein d’un « comité de sages ».

Comment optimiser la gouvernance des coopératives ?

• Utiliser de manière optimale les outils de communication interne

Selon JA, il faut rétablir le lien entre les coopérateurs et les instances dirigeantes. Grâce à l’utilisation optimale des outils de communication interne, les coopératives doivent « davantage communiquer sur leur stratégie auprès de leurs adhérents ».

• Séparer les conseils d’administration en deux pôles de décision pour plus de crédibilité

Un premier pôle dit « de production » aurait la charge de gérer toutes les problématiques amont. Un second pôle se chargerait de la stratégie industrielle et de la surveillance globale de la coopérative. Ces deux instances auraient un regard plus critique sur les performances de l’équipe administrative de direction.

Quelle place doivent occuper les coopératives dans le territoire ?

• Redéfinir le rôle des coopératives dans la gestion d’un territoire

« La coopération est le seul outil dont dispose les agriculteurs pour s’investir dans une filière. A ce titre, les coopératives doivent avoir un rôle transversal dans la gestion des territoires et des bassins laitiers ».

Fort de ses « propositions concrètes », Jeunes agriculteurs entend désormais profiter des salons de rentrée, à commencer par le Space, du 11 au 14 septembre prochain, pour les présenter aux premiers concernés : les coopératives. « Nous allons prendre le temps d’en discuter avec la Fncl dans les prochaines semaines », assure Jérôme Chapon.

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