« Avec Lactalis, la contractualisation ça ne marche pas !»

« Avec Lactalis, la contractualisation ça ne marche pas !»

Les problèmes rencontrés par les 4.500 éleveurs livreurs du groupe laitier pour faire respecter les contrats signés traduisent les carences de la loi de modernisation de l’Agriculture en matière de contractualisation selon les présidents des organisations de producteurs.

Traite des vaches Les éleveurs laitiers de Lactalis craignent de finir l’année avec un manque à gagner d’au moins 10 € par 1.000 litres. (©Terre-net Média)

Lactalis serait le franc-tireur des industriels laitiers pour ne pas payer au prix du marché, le lait des producteurs. C’est la conclusion à laquelle est arrivé Sébastien Amand, éleveur laitier à Saint-Pois et président de l’Opnc, l’Organisation des producteurs de Normandie Centre compte tenu des problèmes rencontrés depuis la mise en place de la contractualisation.

Pas un trimestre sans avatars sur le niveau des prix payés aux producteurs dans les bassins de collecte du groupe. Le dernier en date, la modification des modalités de détermination du prix du lait inscrites dans les contrats applicables jusqu’à la fin de l’année. Le groupe laitier veut que les producteurs se contentent d’une hausse de 25 €/1.000 l allouée en avril 2013 sans prendre en compte la flexibilité additionnelle devenue positive jusqu’à la fin de l’année et évidemment sans s’aligner sur le prix allemand. Pourtant en 2009, en pleine crise du lait, les industriels laitiers français s’y référaient constamment et aujourd’hui, les éleveurs allemands bénéficient allègrement de hausses régulières que Lactalis feint d’ignorer !

Faire appliquer les contrats

Pour les livreurs, il n’est pas question de renoncer à l’application des contrats signés avec Lactalis. Sinon, c’est l’ensemble des industriels qui pourraient, eux aussi, imposer leurs prix d’achat malgré les contrats signés.

« La politique du prix imposée par Lactalis vise un prix moyen du lait de 340 € sur l’année ! » pour être en mesure de négocier des prix bas auprès de la distribution aux dépens du revenu des éleveurs, soutient Sébastien Amand.

Résultat, les éleveurs laitiers de Lactalis craignent de finir l’année avec un manque à gagner d’au moins 10 € par 1.000 litres qui s’ajoutera aux 5 euros perdus durant le quatrième trimestre 2012.

Fin de non recevoir des producteurs de lait de Danone

30 €/1.000 l, c’est la demande d’augmentation des producteurs de lait pour 2013 que la direction de Danone refuse de leur octroyer. 

Lundi 18 novembre 2013 à Paris, une délégation d’éleveurs s’est rendue au siège de l’entreprise pour manifester son mécontentement et faire constater que la relation entre les producteurs et l’entreprise via les OP n’est pas non plus équilibrée.

Selon le président de l’Opnc, les problèmes rencontrés par les 4.500 éleveurs du groupe laitier, regroupés dans une dizaine d’OP, pour faire respecter les contrats signés traduisent les carences de la loi de modernisation de l’Agriculture en matière de contractualisation.

Le projet de loi d’avenir adopté par le Conseil des ministres récemment doit être l’occasion de renforcer les pouvoirs du médiateur pour qu’il ait un rôle d’arbitre lors des conflits entre les producteurs et les groupes laitiers malgré l’avis défavorable du Conseil d’Etat sur ce point.

Un décret pour rééquilibrer les rapports de force entre les organisations de producteurs et les industriels est espéré sinon les éleveurs vont s’en détourner ce qui rendra caduque toute organisation de la filière. Mais il n'est pas envisageable d'avoir  des organisations de producteurs de lait commerciales.

« Nous avions imaginé que les rapports avec Lactalis seraient tendus lorsque la contractualisation est devenue la règle du jeu, mais nous ne pensions pas avoir à faire face à des décisions unilatérales visant à revenir sur des engagements contractuels », déplore Sébastien Amand.

Lire le droit de réponse de  Danone: « Nous n’avons jamais rompu le dialogue avec les éleveurs laitiers »

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Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
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Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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