« On vit la mort cinq jours sur sept ». Poursuivi, avec deux collègues, dans un procès inédit à Alès pour avoir maltraité des animaux, un employé de l'abattoir du Vigan (Gard) a décrit jeudi la pénibilité du travail dans les abattoirs, tout en regrettant sa « brutalité ».
Le procès, qui s'est ouvert jeudi devant le tribunal correctionnel d'Alès, bondé et entouré d'un important dispositif policier, fait suite à la diffusion en février 2016 d'une vidéo choc de l'association de défense des animaux L214, tournée en caméra cachée dans l'établissement certifié bio et visionnée à l'audience. La communauté de communes du Pays viganais, qui gérait l'établissement, est également poursuivie pour des infractions à la règlementation sur l'abattage des animaux.
Le principal prévenu, Marc Soulier, est entré à l'abattoir à 15 ans et demi, en apprentissage pour un CAP de boucher. « On m'a tout de suite dit "il te faut tuer"», raconte-t-il à la barre , le principal prévenu, accusé de « sévices graves et d'actes de cruauté » envers des animaux en captivité, des faits passibles de deux ans de prison et de 30 000 euros d'amende. « On nous mettait la pression, il a fallu apprendre vite et sur le tas », poursuit le jeune homme corpulent.
Il est notamment reproché à Marc Soulier, qui était « responsable de la protection animale », une fonction « imposée » selon lui, d'avoir utilisé une pince à électronarcose sur le museau de brebis « pour faire rire » un collègue. Reconnaissant une « grosse connerie », l'ex-employé, décrit comme « un fou » par certains collègues, « ne voit pas les animaux comme des égaux de l'homme ». À ses yeux, toutefois, les bêtes ont « du ressenti » et « sentent l'odeur de la mort ».
Devant le tribunal, Claudia Terlouw, chercheuse à l'Inra, évoque pour sa part les nombreuses incertitudes concernant l'état de conscience de l'animal qui va être saigné après étourdissement, évoquant des « zones grises ».
Un métier dangereux
Pour expliquer son attitude, Marc Soulier met de son côté en cause « les cadences » imposées, « les surcharges de travail ». Autre employé jugé pour "mauvais traitements", un coup de pied à un bovin, Gilles Estève, titulaire d'un CAP de "tueur dépeceur" depuis 1979, abonde dans son sens : « C'est un métier dangereux, vous savez, les gens qui nous forment n'ont jamais mis les pieds dans un abattoir.» Selon le deux hommes, qui touchaient environ 1 200 euros par mois et dont le troisième collègue poursuivi était absent à l'audience jeudi, les coups reçus de la part des bêtes ou en se cognant au matériel dans le cadre du travail sont « réguliers », notamment au visage.
« Cette histoire m'a détruit, j'ai perdu mon emploi, j'ai été obligé de changer de région, mes grands-parents ont reçu des lettres de menaces », ajoute encore en sanglotant Marc Soulier, qui travaille aujourd'hui dans un atelier de découpe après avoir été licencié de l'abattoir. Selon lui, la direction « ne voulait rien entendre » sur la question des conditions de travail des employés de l'abattoir, tout comme sur le remplacement d'équipements défectueux.
« Tous les travaux qui étaient demandés étaient réalisés pour le bien-être animal et la sécurité des employés », lui répond à la barre Roland Canayer, président de la communauté de communes du Pays viganais. L'élu rejette la faute sur le directeur de l'abattoir, non présent à l'audience, assurant qu'il n'avait « jamais fait remonter les difficultés ». Les images diffusées par L214 montrant des animaux mal étourdis, égorgés ou recevant des coups répétés à la matraque électrique avaient immédiatement suscité une vague de réprobation. Quatre mois auparavant, L214 avait déjà révélé une affaire similaire dans l'abattoir municipal d'Alès. Jeudi, son fondateur Sébastien Arsac a évoqué une audience qui démontre «le drame que sont les abattoirs ».
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