
À Tanques, petit village en plein cœur de la Normandie, des éleveurs laitiers ont fait appel au financement participatif pour pouvoir se lancer dans la fabrication de yaourts et rentabiliser leur production de lait écrémé.
V ivre sereinement de leur métier. C'est le but de Thomas et Blandine Graindorge, un couple d'éleveurs laitiers résidant en Normandie. Propriétaires de 130 vaches laitières, et de 145 hectares de céréales, ils ont décidé, en juin 2017, d'investir pour fabriquer des yaourts directement dans leur ferme. Objectif : aboutir à une meilleure valorisation de leur production de lait écrémé.
L'exploitation du couple est une véritable institution dans la région. Et pour cause : la ferme « La Noë » produit depuis plus de quarante ans la crème crue Sineux avec une « recette inchangée » depuis sa création. Thomas Graindorge s'y est installé en 2009, suivi, quelques années plus tard, de sa femme Blandine Graindorge, en 2017. Entre 2009 et 2015, le couple a investi « près d'un million d'euros » pour rénover l'ensemble de le ferme. En arrivant, lorsque nous avons pris possession de l'exploitation, toute l'installation était en bout de course, il a fallu tout remplacer », raconte Blandine Graindorge. Quelques années plus tard, le couple a atteint un rythme de croisière, et produit près de 25 000 litres de crème crue annuellement.
Le prix du lait écrémé passé de 16 à 11 centimes le litre en un an
Leurs principaux clients sont les grandes surfaces de la région, mais aussi leurs voisins, qui achètent la crème directement à la ferme. La crème se vend donc bien, mais un autre produit, issu de son processus de fabrication, ne trouve pas la rentabilité : le lait écrémé. Soumis aux fluctuations du marché, son prix est passé en un an de 16 à 11 centimes le litre. « Nous perdions de l'argent sur ce produit. Il fallait trouver une solution », se souvient Blandine Graindorge. Le couple prend donc la décision d'utiliser ce lait pour fabriquer des yaourts, et ainsi améliorer sa valorisation. Mais le coût de l'investissement est prohibitif : les éleveurs l'évaluent à 168 000 euros. Sont en effet nécessaire l'achat d'une conditionneuse, de deux pasteurisateurs, d'une chambre chaude, une installation de chauffage, des tuyauteries, des pompes, des petits matériels, ainsi qu'un budget marketing pour permettre aux éleveurs de conquérir de nouveaux clients. « Nous souhaitons élargir notre clientèle à d'autres grandes surfaces du territoire, afin de toucher toute la région d'Alençon », précise ainsi Blandine Graindorge. Le couple mise également beaucoup sur les appels d'offres, pour fournir en yaourts les maisons de retraite, les cuisines centrales, les hôpitaux, ou encore les lycées et les écoles. Au terme de cinq ans de production, l'objectif des deux éleveurs est de commercialiser 300 000 pots de yaourts par an. Ce projet qui pourrait doubler la rentabilité du lait écrémé. « Nous prévoyons une valorisation à près de 20 centimes le litre, contre 11 centimes aujourd'hui. Cela va nous donner un grand bol d'air frais », se réjouit Blandine Graindorge.
Un financement participatif pour « rassurer la banque »
Pour financer ce projet, les deux éleveurs ont décidé d'organiser un financement participatif via la plateforme spécialisée dans l'agriculture Miimosa. Objectif : « rassurer » la banque. « Notre banque était un peu frileuse vis-à-vis de notre demande de prêt. Elle avait besoin d'une preuve que ce projet est intéressant », se souvient Blandine Graindorge.
Le financement participatif permet également aux agriculteurs de mieux communiquer sur leur métier. Un aspect non négligeable pour le couple d'éleveur, soucieux de transmettre une image positive de la profession. « Nous voulions présenter ce que nous faisons au quotidien au plus grand nombre », indique Blandine Graindorge.
Ils décident de fixer un montant de 10 000 euros, pour financer une partie d'un pasteurisateur, dont le prix unitaire atteint 26 800 euros. La collecte est un succès. Quelques semaines plus tard, le couple parvient à récupérer 10 660 euros. La plupart des donateurs sont des membres de leurs familles et des amis, ainsi que quelques inconnus. « Les internautes ont été touché par notre projet », se réjouit Blandine Graindorge. Aujourd'hui, les équipements sont enfin installés, et l'heure est à la production des premiers yaourts. « Nous avons eu un peu de retard mais c'est bon nous y sommes », se réjouit-elle.
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