PARIS, 09 oct 2013 (AFP) - Les opérateurs de la filière viande s'élèvent contre la perspective d'un étiquetage spécifiant le mode d'abattage rituel des animaux de boucherie qui risquerait de « stigmatiser » une appartenance religieuse et d'éloigner les consommateurs, ont-ils prévenu mercredi.
« Aller vers l'étiquetage spécifique, c'est stigmatiser des communautés et se couper de 80 à 90 % du marché à l'export », a insisté le Président de l'interprofession du bétail et des viandes (Interbev), Dominique Langlois, lors d'une table ronde sur les abattoirs organisée par la Commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale.
Dominique Langlois s'est dit « totalement opposé » à un tel étiquetage, suggéré cet été par la mission sénatoriale sur la filière viande et qui s'appliquerait à l'abattage rituel casher et halal, sans étourdissement. Par ailleurs, alors que la consommation de viande tend à baisser en France et en Europe, la demande ne cesse d'augmenter sur le pourtour méditerranéen et au Moyen Orient - Algérie, Tunisie, Libye, Dubaï, Arabie Saoudite et Turquie notamment, selon Dominique Langlois. Et les communautés juive et musulmane de France - qui s'apprête à fêter l'Aïd el Kebir la semaine prochaine - sont elles-mêmes de grandes consommatrices.
« Mentionner l'abattage rituel n'apporterait aucune information pertinente, ni sur l'état sanitaire ni sur la qualité de la viande : c'est négatif car c'est stigmatisant et ça risque de faire fuir le consommateur », a-t-il précisé à l'AFP.
Les responsables des deux communautés concernées s'étaient élevés contre cette perspective.
« Contrairement à ce qui a été dit lors de la dernière campagne présidentielle », a poursuivi Dominique Langlois en désignant le Front national sans le nommer, « seuls 4 % des viandes résultant d'un abattage rituel se retrouvent sur le marché, hors circuit spécialisé. » Ainsi en Ile-de-France, quatre abattoirs sont spécialisés dans le halal et totalisent 4.000 tonnes de viandes, sur les 170.000 tonnes consommées dans la région.
Pour Philippe Dumas, s'exprimant au nom de Coop de France (3.000 entreprises coopératives, 27 % des abattages en France), « si on étiquette, on court à la catastrophe ». Dans les abattoirs, a-t-il expliqué, « quand on rentre un bovin, ça fait des tas de pièces différentes à vendre. On peut aller chercher quelques pièces particulières » correspondant aux modes de consommation des uns et des autres « afin d'éviter le gaspillage ». Étiqueter, selon lui, reviendrait à perdre certains morceaux dans le halal ou le casher qui ne sont pas consommés par les communautés concernées.
Certains députés présents ont pour leur part fait valoir la nécessité « d'informer le consommateur qui doit savoir ce qu'il achète ».
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