
La vitrine incontournable que constitue le Salon de l’agriculture, qui s'ouvre ce samedi 23 février 2013, ne doit pas cacher les difficultés que subissent les filières d’élevage. Avec l’absence d’accord sur les modalités d’application de la Pac 2014-2020, les éleveurs n’ont jamais eu aussi peu de visibilité depuis dix ans. Sur le terrain, les manifestations à l’encontre de la distribution se multiplient, pour que la hausse de leurs charges, soient enfin répercutées sur les prix à la production.
![]() Lors de sa visite du salon de l'Agriculture l'an dernier en pleine campagne présidentielle, François Hollande s'affichait déjà au travail avec les organisations professionnelles. Mais un an plus tard, les éleveurs attendent toujours de la visibilité sur leur métier. (© Terre-net Média) |
C’est dans un contexte très difficile pour les filières d’élevage que s’ouvre, ce samedi 23 février 2013, le 50e salon de l’Agriculture, Porte de Versailles à Paris, avant l’ouverture du Sima, à Villepinte, ce dimanche 24.
C’est surtout la première année depuis 10 ans que les éleveurs en particulier, et les agriculteurs en général, ont si peu de visibilité quant à leur avenir. Le budget européen pour 2014-2020 a été acté au forceps début février, avec, pour le budget de la Pac, une baisse annoncée de 14 %. Et tout reste à décider quant à la mise en œuvre de cette Pac pour les six ans qui viennent. Quel niveau de redistribution des aides en faveur des productions animales ? Quid des mesures de verdissement ? Sans compter le surenchérissement des normes environnementales, avec notamment, le renforcement de l’application de la directive Nitrates, dont certaines mesures déjà en vigueur pénalisent les exploitations d’élevage, alors que d’autres, nécessiteront de nouvelles mises aux normes coûteuses.
En attendant une plus grande visibilité quant aux soutiens européens, les revenus 2012 sont en berne et les niveaux de trésorerie au plus bas. Les éleveurs, qui ont vu le coût de l’alimentation de leur cheptel augmenter de plus de 30 %, s’impatientent de voir cette envolée des charges répercutées sur les prix à la production.
La distribution ne fait aucun effort sur ses relations avec ses founisseurs
Sur le terrain, les manifestations se multiplient à l’encontre des enseignes de la distribution. Dans le Morbihan par exemple, les éleveurs de la Fdsea ont bloqué à plusieurs reprises les entrées de supermarchés. Des actions du même type ont été organisées dans la Manche, dans le Lot, dans la Somme, en Aveyron, notamment.
La Fnpl, de son côté, a adressé une lettre ouverte à François Hollande, vendredi 22 février, pour l’alerter une nouvelle fois, si besoin était, de cette situation difficile pour les éleveurs laitiers. Et Thierry Roquefeuil d’expliquer, dans ce courrier, que « les relations de la grande distribution avec ses fournisseurs ne sont pas normales. Le seul rapport de force n’est pas la bonne méthode ».
Quant aux responsables de la grande distribution, ils ne semblent toujours pas enclins à soutenir les agriculteurs. Jérôme Bédier, secrétaire général de Carrefour Groupe, et ancien responsable de la Fédération du commerce et de la distribution s’est dit « prêt à soutenir la profession agricole pour défendre un minimum de régulation européenne », lors d’un débat organisé par Ifls, l’Institut français du libre-service, réunissant responsables des Gms, de la coopération agricole et de la Fnsea. Mais pas d’intentions quant à une meilleure répartition de la valeur ajoutée au sein des filières.
Stéphane Le Foll brandit, comme son prédécesseur Bruno Le Maire, les bénéfices de la contractualisation. Mais, des paroles aux actes, le chemin est encore long. « Les contrats de marques distributeurs ne peuvent plus être réduits à deux ans. Il faut les passer à quatre ans pour donner plus de visibilité aux agriculteurs », a expliqué pour sa part Serge Papin, le leader de Système U.
« On détricote l’agroalimentaire français »
En fait, les cinq enseignes de distribution font toutes leurs marges sur les produits des petits et moyens fournisseurs, et donc sur les produits agricoles, car elles acceptent de ne pas en faire sur les produits dits psychologiques des grandes multinationales, comme les sodas. Mais en entretenant ce système, « on détricote l’agroalimentaire français », reconnaît Serge Papin, qui suggère aux autres responsables de la distribution « d’arrêter de vendre sans marge nette sur ces produits psychologiques » pour détendre un peu la pression des prix sur ses autres fournisseurs.
En attendant, les éleveurs n’en peuvent plus « d’être les seuls à se serrer la ceinture, martèle la Fnpl. Ils sont trop nombreux à s’interroger quant à leur avenir. »
Alors en campagne pour gagner l’Elysée, François Hollande avait, il y a un an, opéré une visite marathon du salon de l’Agriculture, en s’offrant même une "séance de travail" avec les organisations professionnelles. Douze mois plus tard, les éleveurs attendent toujours l'embellie.
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Biométhane ou électrique, les alternatives au GNR à l’épreuve du terrain
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026