« Les éleveurs français sont victimes de terrorisme industriel ! »

« Les éleveurs français sont victimes de terrorisme industriel ! »

Déjà touchés par des difficultés économiques liées à la hausse des coûts alimentaires de leur cheptel, les éleveurs français sont désormais victimes de « terrorisme industriel » selon Pierre Chevalier en réaction à « l’affaire Findus ». Outre ce dossier sensible, le président de la Fnb réagit aux autres actualités de la filière, entre la suppression de l’aide à l’engraissement et l’autorisation de l’UE d’utiliser de l’acide lactique pour améliorer l’état sanitaire des carcasses.

Pierre Chevalier, président de la Fnb
Pierre Chevalier, président de la Fnb, ici lors du Sommet de l'élevage 2012 à Cournon, craint les conséquences
négatives de l'affaire Findus sur l'image de la viande bovine française. (© Terre-net Média)

Terre-net Média (Tnm) : Craignez-vous d’éventuelles conséquences de l’affaire Findus sur l’image de la filière bovine française ?

Pierre Chevalier: Evidemment ! Cette affaire risque de mettre à mal l’image de la production bovine française. Elle pourrait ternir l’image de la marque "Vbf" alors que la traçabilité chez les éleveurs et les transformateurs français est l’une des plus draconienne au monde. Rappelons qu’il s’agit d’un cas isolé de fraude, et non pas d’un problème sanitaire. Les éleveurs français sont indirectement victimes d’un "terrorisme industriel".

Tnm : Au-delà de la fraude dont sont victimes les consommateurs, ce cas n’illustre-t-il pas la pression exercée par les transformateurs pour tirer les prix de la viande bovine vers le bas et réaliser ainsi des marges plus importantes ?

Pierre Chevalier: C’est vrai. Nous sommes face à une contrefaçon établie pour des raisons de profit et de recherche d’ingrédients les moins chers. Compte tenu du différentiel de prix entre la viande bovine et la viande de cheval, les responsables ont sans nul doute décuplé leurs marges. Alors que la France dispose d'un cheptel important et de qualité, il est difficile de comprendre comment il peut être fait appel à une cascade d'intermédiaires pour fournir la viande bovine.

« L'affaire Findus est un cas isolé de fraude, et non pas un problème sanitaire! »
Pierre chevalier, président de la Fnb.

Tnm : Vous participez cet après-midi à une réunion de crise avec les ministres de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Consommation. Quelles sont vos demandes ?

Pierre Chevalier: Compte tenu de l’impact de cette fraude, la Fnb se portera partie civile dans les procédures qui seront engagées contre les entreprises responsables, et nous allons porter plainte pour atteinte à l'image de la production française.

Nous n’avons pas suffisamment tiré les conséquences des crises sanitaires pour les plats cuisinés en matière de traçabilité. Nous demandons depuis longtemps une traçabilité aussi stricte pour ces produits cuisinés que celle appliquée à la viande non transformée.
Nous demandons aux pouvoirs publics de faire toute la transparence sur cette fraude et sur la chaîne des entreprises impliquées, et d’en tirer toutes les conséquences, en termes de sanctions et de renforcement des contrôles publics.

Tnm : La Commission européenne a autorisé début février 2013 l’usage d’acide lactique, comme le font déjà les Etat-Unis, pour améliorer la qualité sanitaire des carcasses bovines. Comment percevez-vous cette décision ?

Pierre Chevalier: A la Fnb, nous dénonçons le caractère commercial qui se cache derrière cette décision. Les Etats-Unis n’ont jamais réussi à imposer l’exportation en Europe de viande bovine aux hormones de croissance. Mais grâce à cette décision européenne sous couvert d’une meilleure protection sanitaire, ils vont pouvoir écouler plus facilement leur viande non hormonée mais largement traitée à l’acide lactique. Je l’ai moi-même constaté là-bas : en "feed lots", les animaux américains sont beaucoup plus sales que nos bovins français. Les abatteurs traitent les carcasses avec de l’acide lactique jusqu’à trois fois pour pallier ce manque d’hygiène à la production.

Tnm : Après la suppression de l’aide à l’engraissement de jeunes bovins pour 2013, Stéphane Le Foll, à l’occasion de votre congrès la semaine dernière, vous a-t-il apporté des garanties pour soutenir la filière ?

Pierre Chevalier: Aujourd’hui, nous n’avons aucune garantie sur quoi que ce soit. Le ministre de l’Agriculture nous a fait comprendre qu’il ne fallait pas compter sur l’aide à l’engraissement pour 2013. Nous allons évidemment faire pression pour que les 8 millions d’euros qui étaient affectés à cette aide bénéficient aux éleveurs en 2014. Mais nous ne savons pas sous quelle forme cette somme pourra être utilisée.

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