« La plupart des légumineuses ont une production plus estivale que les graminées dont la pousse est plutôt printanière, explique Julien Greffier, technicien spécialisé fourrages au Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences). Dans les prairies en association graminées-légumineuses, la complémentarité des espèces améliore la rusticité de la prairie et réduit la sensibilité aux aléas climatiques, notamment lors des sécheresses estivales ». Diversifier ses prairies est gage d’une meilleure assurance face au déficit fourrager.
La pérennité de l’association dépend principalement, des conditions de semis, de la vitesse d’implantation, de l’agressivité de la légumineuse vis-à-vis de la graminée et du mode d’exploitation de la prairie. Pour éviter de favoriser un type de plante plutôt qu’un autre, l’idéal est généralement d’alterner fauche et pâturage.
Le Trèfle blanc : la valeur sûre au pâturage
- Digestible et appétant, mais attention au risque de météorisation.
- Très souvent associé au ray-grass anglais (Rga).
- Légumineuse la plus riche en protéines.
- Apprécie la chaleur, la lumière. Idéal pour le pâturage fréquent et ras.
- Pousse tardive.
- A semer en sol pas trop acides ni trop humides et pourvus en phosphore et potassium.
- Pérennité de quatre à cinq ans.
Le Trèfle violet : en fauche, comme au pâturage
- Légumineuse d’association et de fauche par excellence.
- Très bonne tête d’assolement. Exploration profonde des racines (30-35 cm).
- A associer au ray-grass hybride pour une bonne pérennité et une exploitation précoce, ou au ray-grass d’Italie. Améliore la valeur alimentaire et l’appétence de la prairie en association avec du dactyle ou de la fétuque élevée.
- Plante très agressive, mais s’éteint au bout de deux à trois ans.
- Riche en fibres et pauvre en amidon. Favorise le taux protéique dans le lait.
- A exploiter pas trop jeune, au stade "fin bourgeonnement / début floraison" plus riche en sucres, mais avant l’épiaison de la graminée.
- Conservation en ensilage, enrubannage ou foin (si associé à une graminée).
Le Trèfle hybride : pour les terres lourdes
- Adapté aux terres humides ou compactées.
- Très bonne résistance au froid, mais pas à la sècheresse.
- Productivité moyenne, privilégier les variétés tétraploïdes.
- Pérennité de deux à quatre ans.
- En réalité, n’est pas un hybride entre les trèfles blanc et violet.
Le Lotier corniculé: une "rustine" pour l’été
- Très tolérant à la sécheresse et au froid.
- Riche en protéines. Très bonne valeur alimentaire.
- Productivité moyenne. Pérennité de deux à trois ans.
- Peu agressif. Sensible au piétinement et aux excès d’eau.
- Bien adapté au pâturage. Non météorisant mais riche en tannins.
- A incorporer de préférence avec de la luzerne ou du trèfle blanc pour une meilleure digestibilité des animaux.
- Association possible avec du brome, du dactyle ou de la fétuque élevée.
La Luzerne : un maximum de protéines à l’hectare
- En association avec du dactyle tardif ou du brome, car ils épient au même moment que la luzerne, ou de la fétuque élevée.
- Météorisant. Pâturage possible en dernier cycle.
- A éviter en sol hydromorphe. Très sensible à l’excès d’eau car les bactéries s’asphyxient et la plante manque d’azote.
- Inoculation et chaulage nécessaires en sol acide.
- Trois à cinq coupes par an. Pérennité de trois à cinq ans.
- A faucher dès l’apparition des bourgeons.
- Rotation : attendre quatre à cinq ans avant de revenir avec de la luzerne sur la même parcelle.
- Mode de conservation : ensilage, foin ou enrubannage.
- Bien choisir sa variété en fonction des conditions pédoclimatiques et d’exploitation.
Le Sainfoin : la légumineuse des sols calcaires et peu profonds
- Très rustique, tolérante à la sécheresse estivale comme au froid.
- Espèce non météorisante, mellifère, très appréciée des chevaux.
- A toute sa place en mélange, mais le sainfoin est peu agressif et résiste mal au piétinement.
- A préférer en fauche ou à pâturer au fil-avant.
- Bonne souplesse d’exploitation. Pâturage possible en automne ou au début du printemps.
- Pérennité deux à trois ans.
- Possibilité de le semer sous couvert d’une céréale au printemps.
Le Trèfle incarnat : un fourrage précoce en sortie d’hiver
- Agressif et sensible à la sécheresse.
- Non météorisant et appétant.
- Pérennité de six à huit mois. La plante repartira tant qu’elle est maintenue au stade végétatif et non reproductif
- Implantation rapide et démarrage précoce en sortie d’hiver. S'adapte à différents climats et types de sols.
- Semis généralement l’été en interculture avec du Ray-grass d’Italie (Rgi). Mélange à pâturer en fin d’automne et à ensiler au printemps. Exploitation possible entre deux semis de maïs.

Le Trèfle d’Alexandrie : une interculture d’été
- Espèce méditerranéenne sensible au froid.
- En association à dose de 15 kg/ha, souvent avec du moha ou du millet.
- Utilisation en culture intermédiaire pour fauche ou pâturage.
- Non météorisante.
- Nécessite 20 à 30 mm d’eau pour s’implanter.
Le Trèfle de Perse : pour les couverts et les jachères fleuries
- Plante très odorante et mellifère.
- Peu appréciée des animaux au pâturage.
- A privilégier en fauche. Bonne valeur alimentaire.
- Apprécie les sols lourds et humides.
- Résiste bien au froid.
- Implantation rapide.