
D’ici 2013, les éleveurs auront l'obligation de regrouper les truies gestantes. Or, le porc est un animal hiérarchique. Dans ce cas, est-il possible de développer des tests simples et applicables en élevage permettant de caractériser les truies selon leur agressivité ? Eléments de réponse en Bretagne.
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« De nombreuses études ont montré que, pour établir une hiérarchie, les animaux se battaient, parfois de façon intense, ce qui n’était pas sans conséquence sur l’élevage », détaillait Morgane Kervella (groupe Isa Lille), en février 2010 lors des 42e JRP à Paris.
En effet, ces combats engendrent bien évidemment des blessures et du stress, qui limitent les performances zootechniques des animaux impliqués et donc augmentent les pertes économiques pour l’élevage.
Caractériser les truies selon leur agressivité
« Cette étude avait pour but de développer des tests simples et applicables dans les conditions de fonctionnement normal de l’élevage, afin de caractériser les truies selon leur agressivité », résumait la spécialise lilloise. Pour ce faire, le groupe Isa Lille et la station de sélection de Champfleury de Pen-Ar-Lan, dans les Côtes d’Armor, ont observé 133 truies primipares et multipares gestantes ainsi que 28 cochettes vides de race Redone.
Les observations ont porté sur les interactions agonistiques (combats, agressions unilatérales, poursuites) et les comportements d’évitement lors de la mise en groupe (à J0 pendant la 1ère heure) et au cours de deux repas (à J15 et J22 pendant 30 mn). « Ces observations nous ont permis de caractériser les truies selon la fréquence, l’intensité et la persistance de leur agressivité », soulignait Morgane Kervella. De plus, des tests de compétition alimentaire à J6, J13 et J20 ont également permis de caractériser le type de hiérarchie sociale « et d’estimer la stabilité de celle-ci au sein de chaque groupe », tout en intégrant dans le même temps l’effet de la parité sur le comportement des truies.
Une hiérarchie stable en peu de temps
À l’issue de l’essai, les expérimentateurs ont pu caractériser les truies selon la fréquence, l’intensité et la persistance de leur agressivité grâce aux tests simples développés et mis en place dans les conditions de fonctionnement normal de l’élevage. « Nous avons notamment constaté que l’ordre social n’a pas évolué entre le 5e et le 20e jour suivant la mise en groupe : les truies ont donc établi une hiérarchie stable en peu de temps », précisait Morgane Kervella.
Ces observations ont également permis de mettre en avant différents points :
- les femelles les plus fréquemment agressives et les plus violentes ont généralement eu recours à tous les types d’agressions ;
- ces femelles agressives ont bénéficié d’un statut social élevé et se sont montrées peu craintives vis-à-vis de l’homme ;
- les truies agressives sont également celles qui expriment un comportement de poursuite et/ou un comportement instable à l’auge.
« Ces deux comportements sont par conséquent les témoins d’une agressivité fréquente, intense et persistante. » Autre observation d’importance : il s’avère que ces truies agressives sont également les plus prolifiques. « La sélection actuelle sur la prolificité favorise donc probablement l’agressivité », concluait Morgane Kervella.
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