
Quelles sont les conséquences, pour les exploitations agricoles françaises, des décisions prises dans le cadre du bilan de santé de la Pac ? Pour quantifier la mise en œuvre de la réforme de la Pac, l’Inra et l’Institut de l’élevage ont établi des simulations économiques conduites à partir des données du réseau d’information comptable agricole (Rica) et des réseaux d’élevage. Résultats.
![]() « Les premiers bénéficiaires de la réforme sont les éleveurs spécialisés avec, dans le détail une très forte revalorisation pour les éleveurs spécialisés en production ovine. » (© Terre-net Média) |
Banco pour les productions animales
« Les simulations montrent que les systèmes reposant sur les grandes cultures sont pénalisés par la réorientation des aides directes au profit des systèmes ruminant basés sur l’herbe », résumait Vincent Chatellier, chercheur à l’Inra de Nantes à l’occasion des journées 3R à Paris, le 2 décembre dernier.Par contre, des filières entières semblent ne pas être affectées par ce rééquilibrage : il s’agit en particulier de la viticulture, des filières arboricoles et maraîchères ainsi que les filières hors-sol. « Les mesure adoptées répondent donc globalement bien à l’objectif initial d’un rééquilibrage des soutiens au profit des productions animales et des élevages les moins soutenus. »
L’impact de l’application de la réforme est variable d’une exploitation à l’autre. Les premiers bénéficiaires de la réforme sont les éleveurs spécialisés, l’impact du rééquilibrage étant moins favorable pour les systèmes polyculture-élevage.
Forte revalorisation pour la production ovine
Dans le détail, la revalorisation est forte pour les éleveurs spécialisés en production ovine (Tableau) « en raison de l’octroi d’une nouvelle prime couplée à la brebis », soulignait Vincent Chatellier, poursuivant : « l’augmentation des soutiens répond à l’objectif de rééquilibrage des revenus des élevages ovins, très inférieurs à la moyenne générale et de parité des aides du 1er pilier avec l’élevage de vaches allaitantes ».
![]() Impact du bilan de santé de la Pac sur le montant des aides directes par exploitation (© Source : Rica France 2007 / Traitement Institut de l’élevage.) |
Ce rééquilibrage est d’ailleurs très net pour les exploitations ovins allaitant «’fourragère’ (> 1,4 UGB/ha) et ‘herbagère’ (< 1,4 UGB/ha), sans oublier les exploitations pastorales dépassant le seuil de chargement de 0,5 UGB/ha. En chiffre, il faut s’attendre à une augmentation de +51 % pour les systèmes ovins viande ou de +37 % pour les systèmes ovins laitier.
Net gradient en bovin lait
En élevage bovin laitier spécialisé, on note un net gradient d’impact du bilan de santé en fonction du système fourrager et de la situation géographique : la variation des aides directes par exploitation de plaine varie de -6 % en système intensif à +16 % en système herbager ; en outre, l’effet est neutre (+2 %) pour les systèmes comptant 20 % de maïs fourrage dans la Sfp.
En montagne, les éleveurs percevront davantage d’aides que leurs homologues de la plaine du fait du soutien ciblé sur le lait de montagne : la fourchette varie de +18 % (systèmes herbe-maïs) à +27 % (systèmes herbagers de montagne).
-16% pour les grandes cultures
Dans le secteur bovin allaitant spécialisés, les effets sont plus diffus et varient de -4 % (naisseur/engraisseur), de +4 % (naisseur) ou de +7 % (éleveur de veaux sous la mère).
Par contre, l’effet de la réorientation des soutiens est très nettement négatif pour les exploitations spécialisées en grandes cultures : ces dernières perdent en moyenne -16 % de leurs aides.
Enfin, dans les systèmes diversifiés, l’impact du rééquilibrage est là aussi très hétérogène : +8 % pour les polyculteurs-éleveurs ovin, -10 % pour les polyculteurs-éleveurs bovin (laitier et allaitant) ou encore -12 % pour les engraisseurs de jeunes bovins.
Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.
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