Bien piloter sa préparation au vêlage

Article réservé aux abonnés.

Julien Clément et Rodolphe Robcis, deux vétérinaires praticiens, ont souhaité faire un récapitulatif pour les éleveurs, des éléments à observer pour diminuer les risques de pathologies après vêlage. (©Claudius THIRIET)

Si les recommandations pour une bonne préparation au vêlage sont relativement connues, leur application fait encore parfois défaut. Julien Clément et Rodolphe Robcis, deux vétérinaires, ont choisi de publier un récapitulatif pour appuyer les éleveurs.

Anticiper les différentes af­­fections qui guettent les vaches en début de lactation comme les hypocalcémies et acétonémies cliniques ou subcliniques, les rétentions placentaires, les métrites, etc., est largement possible grâce à une multitude d’indicateurs. Julien Clément et Rodolphe Robcis, deux vétérinaires praticiens, ont fait le point dans un article publié pour les Journées nationales des groupements techniques vétérinaires (GTV) de 2024. Ils y passent en revue les différents indicateurs, cliniques et paracliniques, disponibles antepartum pour prévenir les désordres postpartum.

Première phase de tarissement (de 60 à 25 jours avant vêlage)

Pendant cette phase, la note d’état corporel (NEC) va être le principal point à observer, avec un double enjeu : « Avoir une NEC conforme à l’objectif au tarissement (3-3,5) et éviter toute variation de cette NEC. » Le risque le plus fréquent est la prise d’état, notamment au pâturage lorsque l’herbe est trop riche ou trop importante. La perte d’état est plus rare, bien que possible si la ration est trop faible en énergie. Pour autant, un autre point important de contrôle pendant cette phase est le remplissage ruminal. En effet, en fin de gestation, il est impossible de viser un remplissage ruminal optimum s’il n’était pas déjà élevé en première phase de tarissement. Cette baisse d’ingestion est physiologique et correspond à la place que prend le veau dans l’abdomen de la vache. Le score de remplissage ruminal (SRR) doit donc être de 3 ou plus durant cette première phase de tarissement (échelle allant de 1 à 5). Et cela permettra à la vache de conserver un niveau d’ingestion élevé après vêlage.

Préparation au vêlage (entre 21 et 28 jours avant le vêlage)

Il existe quatre grands thèmes de points de contrôle qui vont aider l’éleveur à piloter cette période.

CONTRÔLES VISUELS SUR LES ANIMAUX

La note d’état corporel. Durant les trois dernières semaines, le risque de déficit énergétique commence à être important, et peut avoir des conséquences majeures. Mais, comme cette période est plutôt courte, il est rare de pouvoir vraiment mettre en évidence des baisses de note d’état, même si cela arrive.

Le score de remplissage ruminal. Il est particulièrement important car le maintien d’un niveau d’ingestion le plus soutenu possible a été démontré comme limitant les risques de maladies postpartum telles que les acétonémies, les mammites et les métrites. Les variations de matière sèche ingérée (MSI) se répercutent rapidement sur le score de remplissage ruminal même dans une très courte période. La capacité d’ingestion diminue physiologiquement environ vingt jours avant le vêlage.

CONTRÔLES PARACLINIQUES SUR LES ANIMAUX

 Acides gras non estérifiés (Agne). Le dosage des acides gras non estérifiés est un marqueur de choix. Le seuil retenu est de 0,27 mmol/l. Les vaches dépassant ce seuil peuvent être identifiées comme étant à risque après le vêlage. En effet, la note d’état corporel n’est pas suffisante car la lipomobilisation antepartum est de courte durée, d’où l’intérêt d’utiliser comme indicateur le dosage des Agne. Et cela d’autant plus que l’impact de la lipomobilisation antepartum sur le bon déroulement du postpartum a été largement démontré.

pH urinaire. L’importance de la gestion de la Baca (balance anion cation alimentaire) de la ration dans les 10-15 jours avant vêlage dans la prévention des hypocalcémies cliniques et subcliniques n’est plus à démontrer. Pour autant, il faut bien garder en tête, rappellent les vétérinaires, que cette prévention repose sur un triptyque plus global (gestion de la Baca, maîtrise des apports en calcium et phosphore, apports de magnésium élevés). Cela dit, en simplifiant, il est possible de dire que les vaches présentant un pH urinaire > 7,5 seront à risque de développer des hypocalcémies cliniques et subcliniques. Dans le cas d’apports non maîtrisés en calcium-phosphore et/ou d’apports insuffisants en magnésium, les vaches à risque pourront présenter des niveaux de pH urinaire bien plus bas.

Dosage des bêta-hydroxybutyrates ou BOH. Même si ce dosage est très couramment utilisé, il reste néanmoins moins intéressant dans la prédiction de futurs problèmes postpartum que le dosage des Agne. En effet, les BOH circulant ont deux origines possibles : une origine hépatique, résultat de l’oxydation incomplète des acides gras mobilisés lors de déficit énergétique, et une origine ruminale, résultant de l’absorption du butyrate converti en BOH. Et le risque de confusion de l’origine de ces BOH (ruminale ou hépatique) est plus élevé avant le vêlage (lipomobilisation moins importante à cette période), pouvant fausser les résultats.

CONTRÔLES LIÉS AUX DONNÉES DISPONIBLES EN ÉLEVAGE

Temps d’ingestion. Même s’il est difficile d’établir un temps d’ingestion idéal, il faut garder en tête que les vaches se situant significativement en dessous de la moyenne du lot sont à risques de perturbations postpartum nettement plus élevés. Ces écarts d’ingestion sont d’autant plus marqués que le vêlage se rapproche (de quatorze à sept jours avant) et le sont particulièrement la dernière semaine. La surveillance de ce temps d’ingestion, lorsqu’elle est rendue possible, est donc un indicateur à surveiller.

 Temps de rumination. Comme pour le temps d’ingestion, il a été prouvé qu’un temps réduit de rumination par rapport à la moyenne du troupeau est bien un indicateur de vaches à risque. Il est donc important de le surveiller sur les quinze derniers jours et surtout la dernière semaine avant vêlage.

CONTRÔLES SUR LA CONDUITE D’ÉLEVAGE

Taux de remplissage du box de préparation. Il faut laisser de la place, tant au couchage qu’à l’auge, avec un taux de remplissage du bâtiment de l’ordre de 80 %. Une hausse de 10 % de ce remplissage entraîne une perte de 0,8 litre de lait par jour sur la lactation à venir et augmente le risque de maladie postpartum.

Gestion du stress thermique. Il a été régulièrement démontré que le stress thermique a un fort impact sur les vaches à cette période. Et il a pu être mesuré des conséquences économiques majeures sur les filles et petites filles des vaches ayant subi un stress thermique répété pendant la fin de leur gestation. À l’éleveur de mettre en place des moyens de gestion de ce stress (ventilateur, ouverture des bâtiments, etc.).

Gestion de l’auge. L’accès à la fibre est prioritaire. L’auge ne doit jamais être vide en vingt-quatre heures (aucune heure à vide). La qualité et l’appétence de la fibre proposée vont être aussi déterminantes, tout comme la possibilité de faire un tri lorsque la paille est mélangée à la ration.

Durée de la préparation au vêlage. La durée de préparation se situe entre vingt et un et vingt-huit jours. Plus longtemps, un risque d’engraissement sera possible et, en deçà, ce sera un risque de déficit énergétique, amenant des troubles par la suite après le vêlage.

Réagir à cet article
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

Monitoring

Tapez un ou plusieurs mots-clés...