Le cas qui nous concerne est un élevage de 300 vaches laitières en suivi de reproduction confronté à l’apparition de métrites en série associée à une détérioration de la reproduction. Pourtant, il n’y a eu aucun changement dans la ration de préparation vêlage composée d’ensilage de maïs, de tourteau de colza, de foin et d’un minéral spécifique à Baca négative. Il n’y a pas eu non plus de changement de silo, pas plus de problèmes d’avortement que d’habitude, c’est-à-dire deux avortements lors des deux derniers mois sans mise en évidence d’une origine infectieuse.
Nous décidons alors de réaliser une visite des vaches en préparation vêlage. Il s’agit d’identifier des facteurs de risques par un examen des animaux, des prélèvements et des analyses de sang et d’urine. Parmi ces facteurs de risques, nous cherchons à dépister les éléments suivants : une Baca trop élevée, à cause d’une minéralisation non adaptée ; un amaigrissement de fin de gestation ; des vaches trop grasses ou trop maigres ; une augmentation des corps cétoniques dans le sang (BOH) révélatrice d’un amaigrissement, ou une baisse de l’ingestion.
Au moment de la visite, les mesures de pH urinaires pour contrôler la Baca paraissent correctes. Il n’y a pas non plus d’augmentation des BOH et, à l’exception de quelques boiteuses trop maigres, les vaches ont des notes d’état corporel normales (de 3 à 3,5).
Manque de fibres et accès à l’auge difficile
En revanche, les scores de remplissage du rumen sont de 3 alors qu’une note de 4 est importante à respecter pour les vaches entre quinze et deux jours avant vêlage. Il est alors décidé de pousser un peu les investigations par des analyses plus précises sur les vaches dans la dernière semaine avant vêlage : contrôle de la Baca par un dosage des minéraux présents dans les urines (calcium, phosphore, magnésium, potassium) et dosage sanguin des acides gras non estérifiés (Agne). Ces derniers sont un signe précoce d’amaigrissement. Dans le foie, ils peuvent être transformés en énergie, en corps cétoniques, ou en triglycérides qui vont s’y accumuler (stéatose) ou être exportés. Ici, comme ils ne sont pas transformés en BOH, on peut craindre qu’ils entraînent une stéatose hépatique. Le verdict tombe : les Agne comme la Baca sont trop élevés, malgré une ration correcte sur le papier. L’hypothèse majeure oriente vers la sous-ingestion qui entraîne une mobilisation des graisses, une surcharge graisseuse du foie et un défaut d’ingestion de minéral. En effet, plusieurs facteurs limitent ici l’ingestion : un accès à l’auge par des marches un peu raides ; l’absence de fibres à disposition en bas des marches.
La mobilisation des graisses vire à la stéatose hépatique
L’observation des vaches montre que toutes ne vont pas manger au moment de la distribution de la ration, qui perd de l’appétence au cours de la journée.
Les mesures correctives consistent à rajouter de la paille au niveau des marches pour faciliter l’accès à l’auge, à mettre un râtelier de foin au niveau de l’aire paillée et à contrôler que toutes les vaches montent manger au moment de la distribution de la ration. Enfin, la quantité de minéral à Baca négative est augmentée (200 g). Dix jours plus tard, le contrôle de l’involution est réalisé sur les fraîches vêlées et le taux de métrites est très largement amélioré. Dans cette situation de sous-ingestion, la ration suffisamment riche en glucose a entraîné la transformation des Agne vers la stéatose hépatique (foie gras) au lieu de la formation de BOH. Or la stéatose est particulièrement délétère pour la santé et l’immunité des vaches en post-vêlage. La baisse de l’ingestion a également entraîné une diminution des apports de minéral à Baca négative en dernière semaine de gestation, augmentant le nombre de non-délivrances.
Ce cas permet de rappeler qu’un protocole de préparation au vêlage bien respecté ne répond pas toujours à ce qui est attendu. Le suivi de l’ingestion par l’évaluation du remplissage du rumen pendant la phase de préparation au vêlage est un élément crucial au bon démarrage des vaches en lactation et pour leur santé.
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Biométhane ou électrique, les alternatives au GNR à l’épreuve du terrain
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026