Donner plus de lait pour éviter les succions croisées et la concurrence

Veaux au cornadis
Les succions croisées peuvent s'expliquer par la faim. Dans ce cas, il est conseillé d'augmenter les quantités de lait distribuées. (©Emmanuelle Bordon)

Même s’il est désormais admis que le logement collectif des veaux est favorable à leur développement et à leur croissance, il peut présenter des inconvénients parmi lesquels la succion croisée et la compétition pour le lait. Margit Bak Jensen, chercheuse en sciences vétérinaires, synthétise les observations réalisées sur ce thème.

Comme tous les mammifères nouveau-nés, les veaux sont « programmés » pour téter. Indépendamment de l’ingestion de lait, la succion est indispensable à leur développement. « Si ce besoin n’est pas satisfait, le veau éprouve de la frustration et de la souffrance, qui entraînent un comportement anormal, de réponse au stress, explique Margit Bak Jensen. On voit ainsi des veaux téter les oreilles, la bouche ou le dessous du ventre d’un autre veau. »

Chercheuse au sein du département des sciences vétérinaires de l’université d’Aarhus (Danemark), elle a réalisé une synthèse des travaux traitant des phénomènes de succions croisées et de compétition pour le lait. Ce travail a été exposé au cours d’un webinaire organisé par R4D (Resilience For Dairy), projet européen visant à contribuer au développement social, économique et environnemental de l'élevage laitier, le 11 janvier dernier.

Donner le lait à la tétine

« Donner le lait à la tétine, et non pas au seau, réduit le risque de succions croisées », révèle Margit Bak Jensen. Les veaux nourris à la tétine passent en effet plus de temps à ingérer le lait et continuent, éventuellement, à téter à vide après avoir terminé. Leur besoin de succion en est satisfait et ils n’éprouvent pas le besoin de téter autre chose par la suite. C'est ce que montre une étude récente sur les méthodes d'allaitement des veaux d’élevage. Il n’a en revanche pas été prouvé que l’utilisation de tétines factices pouvait éviter la succion croisée.

Une question de quantité de lait

Concernant l'apport en lait, la recommandation actuelle est d’environ 8 litres par jour.

Des observations ont été réalisées dans des élevages utilisant la distribution automatique de lait, qui enregistre les quantités consommées, le temps de succion par veau et par jour, etc.

Les données recueillies montrent que les veaux se présentent régulièrement au DAL pour voir s’ils peuvent avoir du lait et, même s’ils n’obtiennent rien, ils y passent un certain temps.

Des comparaisons ont été réalisées entre des veaux qui reçoivent 8 litres de lait par jour et d’autres qui reçoivent 4,8 litres par jour. Il apparaît que les veaux auxquels on donne le moins de lait passent beaucoup plus de temps au DAL. Un temps supplémentaire qui ne se concrétise pas par une consommation : le veau suce la tétine « à vide ». On observe également chez ces animaux un plus grand nombre de tentatives sur une journée.

« Il y a beaucoup plus de visites non récompensées, pour vérifier s'ils peuvent obtenir plus de lait, parce qu'ils ont faim, décode Margit Bak Jensen. Le veau essaie de faire descendre plus de lait du nourrisseur, en tentant de stimuler le DAL, comme il le ferait avec la mamelle d’une vache. C’est un comportement naturel, que l’animal exprime aussi lorsqu'il est nourri artificiellement. »

Pour la chercheuse, le temps supplémentaire passé à téter les tétines sans obtenir de lait peut s’expliquer par la faim. Il en va de même pour les succions croisées : le veau qui n’a pas son content de lait et/ou de succion tente de l’obtenir en tétant ses congénères.

En outre, le fait que les veaux passent plus de temps au DAL lorsque la quantité programmée est plus basse crée une concurrence entre eux parce que le distributeur est occupé pendant plus longtemps.

Ces résultats signifient qu'il vaut mieux privilégier un allaitement à hauteur de plus de 8 litres de lait par jour, au moins pendant les premières semaines, avec une distribution du lait à la tétine.

La compétition entre veaux, un phénomène pénalisant

Autre problème qui peut être posé par le logement en petits groupes : la concurrence pour le lait lorsque les animaux sont nourris en même temps. En résumé, les veaux qui tètent le plus vite ingèrent plus de lait que les autres.

Les essais montrent que la concurrence augmente avec la taille du groupe. Elle est plus grande dans les groupes de six veaux que dans les groupes de deux et dans les groupes de 24 que dans les groupes de 12. « C'est un argument en faveur de la réduction de la taille des groupes », conclut Margit Bak Jensen.

Des essais ont été réalisés avec une louve compartimentée, qui permettait à chaque animal de recevoir la même quantité de lait, plutôt qu’avec un grand compartiment collectif.

Il s’avère que les compartiments séparés n'ont pas réduit la variation de consommation du lait. Ils ont en revanche augmenté l'agitation autour de la louve. Dès que le débit de lait commence à diminuer, les veaux qui boivent vite bousculent ceux qui boivent lentement, pour récupérer leur tétine. Les compartiments séparés n’ont donc pas régulé la consommation de lait ; ils ont seulement augmenté les changements de tétine. « Il est difficile de faire quelque chose contre le changement de tétine. C'est un phénomène naturel », commente Margit Bak Jensen.

Une barrière à hauteur d'épaule

Un autre dispositif a été testé. Celui qui consisterait à installer une barrière partielle entre les veaux pour éviter la concurrence pendant la tétée. Le comportement des veaux a été observé lorsqu'il n'y avait pas de barrière, lorsqu'il y avait une courte barrière qui séparait leurs têtes et lorsqu'il y avait une longue barrière qui les séparait jusqu'à l'arrière de l'épaule. Seule cette dernière option permet d’éviter la compétition pour le lait parce que le veau est alors dans l’incapacité de bousculer celui d’à-côté pour lui voler sa tétine.

La recommandation concernant l'hébergement en groupe des veaux serait donc de garder les veaux d'abord avec la mère, puis de les héberger soit individuellement, soit en groupe de moins de sept veaux pendant la période d’allaitement. Des préconisations qui remettent en question de nombreuses habitudes d'élevage.

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