
à la plupart des problèmes agronomiques auxquels ils sont confrontés. (© Morgane Hutin)
Le monde a faim de viande bovine. La demande mondiale croît chaque année au rythme de la croissance économique des pays émergents, de l’Asie en particulier. Mais l’exemple australien montre que cette production est écologiquement vulnérable.
Jeff et Sue Trott sont devenus des inconditionnels du Holistic Management , une pratique écologiquement intensive d’exploitation des parcelles. En effet, leurs sols n’échappent pas à l’érosion. Comme leurs collègues éleveurs de bovins viande , Jeff et Sue Trott sont confrontés à l’appauvrissement de leurs terres, aggravé ces dernières années par d’ importants épisodes de sécheresse . Mais en optant pour le Holistic Management , Jeff et Sue pensent avoir trouvé la solution à la plupart des problèmes agronomiques qu’ils ont observés.
Pourtant, ils se sont lancés dans ce nouveau système de production sans garantie de résultat, car il y a peu de références techniques disponibles. En fait, le Holistic Management est peu répandu. En Australie , les deux éleveurs font partie des premiers adeptes de cette méthode de gestion parcellaire écologiquement intensive . En pâturant les 4 600 ha de prairies de la ferme, leurs 1 200 bovins de race Droughtmaster participent à leur régénération et à leur fertilisation. La bonne maîtrise de la technique conditionne les performances de l’élevage . L’herbe dorénavant plus abondante et les sols plus humides favorisent la croissance des animaux.
Découper l’exploitation en petites parcelles
À l’origine du Holistic Management, qui consiste à découper l’exploitation en petites parcelles et à y répartir le cheptel par lots : Allan Savory , biologiste, éleveur et homme politique zimbabwéen. Tous les mouvements d’animaux sur une pâture sont planifiés. Aucune bête n’entre dans une parcelle si son état végétatif est mauvais. La régénérescence des prairies repose sur l’activité des animaux, qui exercent une action mécanique sur le sol en cassant sa surface et en le piétinant. Ce qui facilite l’implantation de nouvelles graines et réduit l’érosion.
Produisant chacun jusqu’à 4 kg de bouses (matière sèche) par jour, les bovins apportent de la matière organique, qui sera dégradée par les microorganismes et la faune du sol pour être finalement minéralisée et servir d’engrais. La qualité et la productivité des prairies sont ainsi améliorées.
Le set stoking et le cell grazing , les deux méthodes traditionnelles de conduite du pâturage en Australie , conduisent à la surexploitation des parcelles et à leur appauvrissement. Le set stocking consiste à placer un très grand nombre de bêtes sur une parcelle de plusieurs centaines voire milliers d’hectares pendant quelques mois. Le troupeau est en quelque sorte livré à lui-même. Les pâtures ne se reposent jamais. Comme le stock végétal ne parvient pas à se renouveler, il s’appauvrit, ce qui crée des zones d’érosion intense et de désertification.
Le cell grazing est moins intensif mais le temps de repos de la terre n’est toutefois pas assez long pour renouveler l’herbe disponible. Comme le nom de cette méthode l’indique, les parcelles sont divisées en plusieurs "cellules" de surface homogène. Le planning de pâturage , établi par l’éleveur, est respecté même si la période est peu propice à la régénération de la végétation.
Les frais d’élevage ont baissé de 70 %
Les phénomènes d’érosion , d’acidité et d’appauvrissement des sols des fermes australiennes se sont aggravés depuis quelques décennies. Si bien que le gouvernement a été contraint d’adopter des mesures pour lutter contre ce phénomène naturel, largement amplifié par les activités d’élevage. Cette érosion traduit la fragilité des systèmes bâtis à la fin du 18e siècle par les premiers colons venus s’installer sur l’île. Bovins et ovins avaient été importés d’Europe et d’Asie.
En se reproduisant, les troupeaux ainsi constitués ont vite pris de l’importance alors que le climat ne se prêtait pas toujours à l’élevage, même extensif. Résultat, l’Australie est devenue un pays exportateur de bovins en sacrifiant son potentiel agronomique. Néanmoins, comme les animaux n’arrivaient plus à se nourrir correctement, beaucoup d’éleveurs ont utilisé des implants hormonaux et des compléments alimentaires pour compenser les carences.
à l'élevage, même extensif. (© Morgane Hutin)
Sue et Jeff y ont aussi eu recours avant de se tourner vers le Holistic Management . En conséquence, les coûts de production ont explosé et menacé la compétitivité des élevages , déjà soumis à la forte volatilité des cours de la viande . Mais un an à peine après leur changement de pratiques, Jeff et Sue sont certains d’avoir fait le bon choix. Les prairies sont en meilleur état. Sur le plan économique, les frais d’élevage ont diminué d’environ 70 %. Cependant, le recul n’est pas encore suffisant pour apprécier l’impact sur la croissance des animaux.
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