Bien connu en Suisse et dans l’Est de la France, le nettoyage des trayons à sec avec de la laine de bois fait aussi des émules dans l’Ouest, comme Gaëtan Marquet, éleveur laitier biologique à Sens de Bretagne.
Indemne de gerçures
« Je n’étais pas très satisfait du protocole classique "lavette + papier essuie-tout + trempage", cela demande de passer trois fois sur chaque vache, et cela revient plutôt cher. De plus, j’ai l’impression que la lessive utilisée pour les lavettes provoque des gerçures sur les trayons. Aujourd’hui, les trayons ont changé d’aspect, ils sont plus souples et indemnes de gerçures. La laine de bois est aussi agréable pour le trayeur, on garde les mains sèches durant toute la traite. En plus, après usage, elle est parfaite pour allumer le feu dans la cheminée ! »
Sans pré ni post-trempage, l’éleveur gagne un temps précieux à chaque vache, sans parler des lavettes qu’il faut mettre en machine quotidiennement. Gaëtan Marquet s’y est mis progressivement, d’abord en remplaçant les lavettes individuelles par la laine de bois, puis, après quelques mois d’utilisation, il a choisi de supprimer le trempage après la traite, même en hiver.
Témoignage de Gaëtan Marquet (1,41 min)
Une étude menée par le comité interprofessionnel du gruyère de Comté et publiée aux journées 3R, a comparé la flore microbienne présente à la surface des trayons avec la méthode classique avec lavette et en laine de bois. « Aucune différence significative n’a été mise en évidence entre ces deux méthodes, sur les niveaux et les équilibres de flores, à l’exception d’un niveau un peu plus élevé en coliformes avec les lavettes » mentionne l’étude. « Aucune dégradation sanitaire n’a été observée. »
Gagner du temps de traite
Là où la laine de bois semble prendre l’avantage sur les lavettes, c’est sur le temps de traite. Une autre étude réalisée en 2009 en Bourgogne, constate que la laine de bois permet de réduire le temps de préparation d’environ 6 secondes par vache par rapport à la technique du pré-trempage.
Par ailleurs, la rugosité de la laine de bois provoquerait une stimulation plus importante de la mamelle. « Même si la différence est peu significative dans notre expérience, la laine de bois semble avoir un effet stimulant supérieur à la méthode du pré-trempage. Une vache atteindra ainsi plus rapidement son débit de traite maximal. Cela se vérifie surtout chez les vaches longues à traire (avec des débits inférieurs à 2,2 kg de lait/minute) chez lesquelles le temps de traite est réduit d’une minute en moyenne avec le nettoyage à la laine de bois. Au global, nous obtenons un gain de temps de traite d’environ 25 secondes par vache, sur des Montbéliardes. » Dans cette expérimentation, aucune différence n’a pu être observée sur le taux cellulaire et les butyriques entre les deux méthodes de préparation de la mamelle.
9 €/mois pour 50 vaches
D'un point de vue économique, Gaëtan estime le coût de la laine de bois entre 8 et 9 euros par mois pour 50 vaches laitières. Une balle de laine de bois de 14 kg coûte une cinquantaine d’euros et dure six à sept mois, à raison d’une poignée (7 g environ) pour chaque vache. Le principal fabriquant de laine de bois est la société LinDner Suisse qui propose la laine Agroclean.