Contre la dermatose, les syndicats agricoles dépassent localement leurs clivages

« Le virus ne choisit pas s'il touche un syndicat ou un autre » : qu'il s'agisse de la Coordination rurale, de la Confédération paysanne ou encore de la FNSEA, les principaux syndicats agricoles, aux vues habituellement divergentes, unissent leurs forces localement, comme en Haute-Garonne ou en Ariège, pour que l'Etat revoie sa copie sur la lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

A Muret, au sud de Toulouse, alors qu'un feu de paille allumé sur les voies de l'A64 propulse des panaches de fumée blanche dans les airs, Jonathan Kirchner, secrétaire général de la Confédération paysanne de la Haute-Garonne, se réjouit de cette convergence « assez unique ».

L'autoroute a été bloquée lundi à l'appel des antennes départementales de la FNSEA, des Jeunes agriculteurs, de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale. Une convergence entre des organisations très opposées au niveau national sur des sujets comme le stockage de l'eau, le libre-échange ou la gestion sanitaire.

« Le virus, lui, il ne choisit pas s'il touche un syndicat ou un autre. Là, c'est l'ensemble du monde agricole qui est touché. Et donc, l'ensemble du monde agricole se mobilise de façon à faire bouger les choses », dit-il à l'AFP.

Les quatre formations syndicales de Haute-Garonne ont signé dès dimanche soir un communiqué commun pour appeler à trouver des alternatives à « l'abattage total imposé par l'Etat ».

Divergences nationales à la FNSEA

Une mobilisation commune dans le « prolongement » de ce qui s'est fait la semaine dernière en Ariège, lorsque plusieurs centaines d'agriculteurs se sont rassemblés autour d'une ferme des Bordes-sur-Arize pour tenter d'empêcher, en vain, l'abattage d'un troupeau de 207 vaches en raison d'un cas de DNC, explique Luc Mesbah, secrétaire général de la FDSEA 31.

« On était ensemble, unis. Il y a une logique de terrain qui est plus importante que les affrontements syndicaux », affirme le syndicaliste.

Quelques kilomètres plus au sud, les agriculteurs tiennent depuis vendredi un campement sur l'autoroute à hauteur de Carbonne, là où la colère agricole s'était cristallisée à l'hiver 2024 sous le coup de la maladie hémorragique épizootique (MHE), des lourdeurs administratives et de la menace de l'accord avec des pays du Mercosur.

« L'union fait la force », insiste Jérôme Bayle, figure de ce mouvement de 2024 qui a depuis lancé une association, les Ultras de l'A64. « Est-ce qu'aujourd'hui un syndicat seul peut défendre l'agriculture française ? Je ne pense pas. Tout simplement parce que seulement 30 % des agriculteurs français sont syndiqués. Répartis sur 4-5 syndicats, ça ne fait pas beaucoup », déclare l'éleveur haut-garonnais, devenu porte-voix de la colère agricole.

« Logique de terrain »

En Ariège aussi, cette convergence locale était bien visible à Bordes-sur-Arize la semaine dernière. Les bonnets jaunes de la Coordination rurale ont cohabité pendant deux jours avec les drapeaux de la Confédération paysanne.

Au-delà des convergences sur le terrain, les représentants ariégeois des différents syndicats ont proposé mercredi dernier un protocole expérimental au ministère de l'agriculture, demandant notamment que seules les vaches contaminées soient abattues et qu'une campagne de vaccination massive soit lancée.

Une demande notamment signée par les responsables locaux de la FNSEA qui, comme leurs voisins de Haute-Garonne, ont rallié la position de la CR et de la Confédération paysanne, à rebours de celle de leur syndicat au niveau national.

Pour la FNSEA, c'est « le terrain qui commande », a reconnu lundi son président Arnaud Rousseau, venu dans le pays toulousain pour rencontrer les référents élevage de son syndicat.

« Que pour une fois, sur ce sujet du sanitaire, il y ait une vision commune, moi, ça me réconforte plutôt. Simplement, cette vision commune, elle doit s'asseoir sur la science. Vous savez, la science, c'est pas une opinion », a-t-il déclaré, estimant que tant que le « consensus scientifique » n'avait pas évolué, les abattages devaient se poursuivre pour limiter la propagation de l'épidémie.

Au-delà de la question de la DNC, « sujet majeur » de leur mobilisation, les syndicats haut-garonnais ont élargi leur concorde à d'autres problématiques comme l'accès à l'eau ou encore l'opposition à l'accord UE-Mercosur.

« Tout ça, ça rajoute des charges sur tous les agriculteurs, peu importe le syndicat », souligne Tristan Fava d'Albert, co-secrétaire général des Jeunes agriculteurs 31, qui se réjouit: « On se réunit sur plein de sujets et c'est un plaisir de travailler dans l'intersyndicalité ».

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