
Après avoir dû abattre la totalité de son troupeau, Thomas Cotiby, éleveur laitier à Villy-en-Auxois (Côte-d’Or), a pris des mesures pour ne pas avoir à revivre cette situation éprouvante.
Fin décembre 2020, un an après son installation en filière époisses AOP, l’exploitation de Thomas Cotiby était déclarée foyer tuberculose (lire l’article « Tuberculose bovine : les enseignements d’un long combat »). Pour sortir au plus vite de cette situation, le jeune éleveur installé hors cadre familial choisissait l’abattage total (220 bêtes de race simmental dont 85 vaches). Avec 800 000 € d’emprunts sur le dos, il fallait remonter un nouveau troupeau le plus rapidement possible. En septembre 2021, c’était fait. Plus éprouvant que l’abattage d’un troupeau auquel il n’avait pas encore eu le temps de s’attacher, rentrer des animaux qu’il ne connaissait pas et qui ne le connaissaient pas, a été difficile. « La première traite du soir, en épi 2 x 6, a duré plus de trois heures pour 30 vaches, se souvient Thomas.Les vaches ne donnaient pas leur lait. » Deux ans après, la moitié des bêtes rachetées à l’époque ne sont plus là. Côté indemnisation (bêtes abattues et perte de lait), il a manqué 140 000 €. « L’administration n’a pas fait de différence entre animaux de haute valeur génétique et les autres, regrette l’éleveur. Sur de telles bases, il serait impossible aujourd’hui de reconstituer un troupeau. »
Pour se prémunir d’une nouvelle contamination, Thomas a pris un certain nombre de précautions. « La plupart de mes parcelles sont entourées de bois ou de céréales, c’est une chance. Les vaches sortent autour des bâtiments. Pour les génisses, c’est plus compliqué. Sur quatre parcelles, on pratique l’alternance du pâturage avec un voisin laitier, ou bien on installe des doubles clôtures. Sur nos prés en coteaux, l’entretien de ces dernières est un problème. Le débroussaillage ne peut se faire que manuellement à une période où il y a d’autres priorités sur la ferme de 185 ha (50 ha de céréales et 85 ha de prairies naturelles). On a beau se partager l’entretien avec le voisin, c’est lourd. Et puis ça coûte malgré les aides du Département. »
Projet de construction d’une passerelle sur le cours d’eau
Autre point de vigilance : l’abreuvement. « S’il est facile de mettre en hauteur sel et concentré, pour les points d’abreuvement, c’est plus compliqué, estime l’agriculteur. L’été quand il fait 40 °C et que les rivières sont à sec, les blaireaux s’abreuvent aux points d’eau des vaches. » Pour que les animaux n’aillent plus boire dans la rivière, un projet est en cours sur la zone avec le syndicat des eaux. Il s’agit de construire une passerelle sur le cours d’eau et de clôturer les deux côtés sur deux kilomètres. 5 % des 50 000 € d’investissement resteraient à la charge de l’éleveur. Mais tout cela prend du temps. « Commencé en 2022, le projet n’aboutira au mieux qu’en 2025 », estime Thomas. Parallèlement une autre réflexion est en cours : capter l’eau des sources en hiver, la stocker dans des poches pour la restituer l’été. Dans cette zone « rouge » du département, la faune sauvage contaminée reste une source d’inquiétude. « Dans les coteaux, où nous sommes obligés de mettre des animaux en pâture, les blaireaux reviennent dans les terriers. Continuer à piéger régulièrement, comme cela avait été fait entre 2010 et 2012 puis entre 2020 et 2022, serait la solution. Or les piégeurs sont des personnes retraitées, en grande partie des anciens éleveurs, qui vieillissent et le travail est long et fastidieux. Les blaireaux pris traînent parfois des mois dans les congélateurs avant d’être analysés. Ça démotive. »
« On parle beaucoup de biosécurité, mais on sent peu d’avancées »
À Villy-en-Auxois, la menace tuberculose est toujours là. La prophylaxie annuelle reste un stress comme chaque départ d’une réforme à l’abattoir. En 2023, à cause d’un voisin en pré-foyer, l’élevage de Thomas s’est retrouvé en prophylaxie renforcée (IDC et interféron). Les bovins de plus de 12 mois ont dû être analysés. Dix (5 vaches et 5 génisses) ont réagi et ont été tués avant d’être déclarées finalement négatives. Du coup, le JA a adopté une certaine philosophie : « On met de la distance entre nous et le troupeau. On trait du lait (615 000 litres de lait en AOP époisses). On s’attache moins qu’on voudrait aux animaux. Quant à la biosécurité, on en parle beaucoup mais on sent peu d’avancées. On sait ce qu’on peut faire pour limiter la contamination, l’installation de doubles clôtures par exemple. Mais l’été, on n’évitera jamais les génisses de se sauver d’un pré. Par contre, partout où l’on peut laisser pousser les haies, on le fait. »
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