Un éleveur laitier nous rapporte la multiplication des cas de diarrhées depuis plusieurs semaines, avec des retards de croissance, un poil piqué et un état général moyen des veaux en phase de post-sevrage et jusqu’à l’âge de 6 mois.
Le contexte est le suivant : durant la phase lactée, les veaux sont logés dans un tunnel bien adapté, dans lequel aucune affection digestive n’est notée. Puis, lors du passage en post-sevrage, les veaux sont déplacés dans un autre bâtiment neuf, avec des box d’une dizaine d’animaux d’âge à peu près égal, sur un sol en terre battue. Les animaux sont nourris avec une ration « sèche » en granulés et de la paille à volonté à disposition.
Le déséquilibre alimentaire hors de cause
L’examen à distance et rapproché de plusieurs veaux, montre à chaque fois les mêmes symptômes évoqués précédemment. Face à cela, nos principales hypothèses sont :
- une acidose ruminale liée à la ration sèche,
- la présence de parasitisme gastro intestinal comme de la coccidiose,
- moins probablement, un phénomène infectieux viral ou bactérien (salmonellose, corona virose), car les symptômes sont souvent plus graves et associés à des épisodes de fièvre.
Le contrôle de l’équilibre théorique de la ration ne laisse pas supposer d’acidose, mais elle n’est pas à exclure si la consommation de paille s’avère insuffisante. Ici, compte tenu de la consommation hebdomadaire évoquée par l’éleveur cela ne semble pas être le cas. De la même manière, l’examen coproscopique des bouses n’a pas permis de mettre en évidence la présence de coccidies. Nous sommes donc dans une impasse. L’éleveur nous demande alors d’autopsier un animal devenu une non-valeur économique, pour voir quels éléments pourraient nous permettre d’établir un diagnostic.
Le contenu intestinal révèle la présence du parasite
À l’autopsie, le rumen et les papilles ruminales sont normaux, ce qui exclut cette fois avec une bonne certitude l’acidose ruminale chronique. Seul le contenu intestinal est anormal, très liquide.
Je décide donc de refaire une analyse coproscopique mais sur le contenu intestinal frais et sans aucun ajout de produit. Quelle ne fut pas ma surprise d’observer des éléments ressemblant à des « masques africains » qui tourbillonnent. Le diagnostic est alors établi avec certitude, les veaux sont atteints de giardiose. Il s’agit d’une maladie parasitaire due à un protozoaire. Giardia est responsable de diarrhée chez de nombreuses espèces de mammifères, dont l’Homme. Il peut être difficile à mettre en évidence, d’une part, car il est assez rare et on y pense donc rarement. D’autre part, car la visualisation des parasites (Giardia duodenalis) est difficile : soit ils sont visibles lors d’un examen frais en direct, comme dans notre cas, mais il faut avoir de la chance, soit ils sont visibles avec un examen en ajoutant un produit iodé mais il faut d’abord penser à la giardiose pour réaliser ce test.
Traitement par voie orale et désinfection des locaux
L’éleveur est informé du diagnostic. Un traitement antiparasitaire adapté est prescrit pour une durée de trois jours par voie orale sur tous les veaux. Des nouvelles sont prises quelques jours plus tard et dans les semaines qui suivent : le résultat est net ! Les animaux ont repris un bon aspect, les selles sont normales.
Afin de limiter les récidives, nous insistons en premier lieu avec l’éleveur sur le nettoyage régulier des points d’eau. Nous évoquons aussi l’intérêt de prévoir un vide sanitaire, ainsi que le bétonnage des sols permettant une désinfection efficace, ce qui n’est pas le cas sur un sol en terre battue (sauf traitement à la valeur d’eau très onéreux). Le bétonnage du bâtiment entier ayant un coût non négligeable, celui-ci est pour l’instant reporté.
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