
Biosécurité interne. Benoît et Sylvain Aguinet, en Gaec à Coulimer, dans l’Orne, ont organisé leur élevage en plusieurs zones pour séparer les différentes catégories d’animaux et commencer les soins journaliers par les plus jeunes.
Sous l’impulsion des pouvoirs publics et des audits pratiqués par les GDS, les éleveurs laitiers pensent de plus en plus « biosécurité » pour lutter contre l’exposition de leurs animaux aux germes pathogènes. Elle est un moyen efficace pour limiter leur introduction dans l’élevage (appelée biosécurité externe) et si malheureusement c’est le cas, pour y éviter leur propagation (biosécurité interne). Cela fait douze ans que Benoît et Sylvain Aguinet sont engagés dans ce processus. S’ils peaufinent actuellement la biosécurité externe (encadré ci-dessous), ils ont débuté l’interne en 2010, à la suite de la reprise d’un troupeau atteint de paratuberculose. « Nous le savions. Nous avons entamé un plan paratuberculose avec le GDS de l’Orne dès le regroupement des deux troupeaux. Il reste encore quelques vaches à surveiller », disent les deux frères. En modifiant d’abord leurs pratiques quotidiennes puis l’organisation des bâtiments, ils ont construit étape après étape le principe de marche avant. « Elle consiste à débuter les soins quotidiens aux animaux par les plus jeunes et à terminer par les vaches, explique Katia Alexandre, du GDS de l’Orne. Les premiers, plus fragiles, sont ainsi mieux protégés d’éventuelles contaminations en provenance de leurs aînées plus excrétrices de germes. »
Huit bonnes pratiques au vêlage
Selon la conseillère du GDS, ici, à cause de la paratuberculose, l’espace « veaux » est la principale zone potentielle de contamination. La séparation du veau et de la mère à la naissance est donc la première mesure de la biosécurité interne que les deux associés appliquent. « Quand la naissance est en journée, nous le faisons aussitôt, confirment-ils. Le colostrum est administré dans les six à sept heures maximum. Nous avons aussi en stock du colostrum congelé. » Les autres mesures d’hygiène sont également appliquées à la naissance : désinfection du nombril à la teinture d’iode, petites génisses nourries au lait en poudre, seaux désinfectés quotidiennement, chaux après chaque vêlage et curage du box tous les dix jours, désinfection de la vêleuse après son usage. « Il faudrait aussi que nous désinfections les tubulaires au moins une fois par an, ou a minima que nous enlevions la matière organique qui y est accrochée. Comme les 125 vêlages sont étalés toute l’année, pris dans le quotidien, nous ne le faisons pas. »
En revanche, les deux associés projettent les mois prochains de créer un box uniquement dédié aux vêlages. L’actuel fait aussi office de box d’infirmerie. Pour cela, ils ont prévu de déménager les vaches en « prépa vêlage » et les génisses de 3-10 mois. Les premières, logées actuellement juste à côté des génisses d’un an et plus, vont être transférées dans la nurserie des secondes dans laquelle sera créé un box de vêlage. Les 3-10 mois seront alors transférées dans un bâtiment qui fait office aujourd’hui de rangement. Il n’y aura donc plus du tout de contact entre les adultes et les jeunes.

Trois zones pour trois catégories d’élèves
C’est en 2018 que l’application de la marche en avant a pris tout son sens grâce au cloisonnement des différentes catégories. Cette année-là, les tout-petits sont extraits de la nurserie. Seize niches individuelles sont posées à l’extérieur, en deux rangées face à face et du côté de la laiterie pour faciliter le transport des seaux de lait.

Précisons que le Gaec élève tous les veaux puisque 40 % des accouplements sont croisés avec la race blanc bleu belge. « Quand les cases sont installées dehors, il faut veiller à ce qu’elles soient à l’abri des vents dominants pour ne pas fragiliser les nouveau-nés, recommande Katia Alexandre. C’est le cas ici. » Un second aménagement est réalisé dans la foulée à 20 mètres de là : deux igloos de 10 génisses maximum (12,5 m² + 16 m² de cour) pour héberger les élèves de 3 à 10 semaines (jusqu’au sevrage).
Cette zone « veaux » est à l’opposé du bâtiment réservé à la catégorie la plus âgée (10-24 mois). Il est implanté de l’autre côté de la stabulation laitière. Entre les deux se trouvent aujourd’hui les 3-10 mois. Même si leur nurserie est collée à la stabulation laitière, il n’y a pas besoin de « passer par les vaches » pour y entrer.
La répartition du travail guidée par la marche en avant
Cette configuration structure le travail de Benoît, Sylvain et de leur salariée Angéline Bellanger. Angéline ou Benoît débute la matinée par la buvée des veaux, la distribution du concentré et le paillage des niches, tandis que Sylvain (ou Benoît) alimente les autres animaux. Il commence par le concentré et le paillage des 3-10 mois avant de se diriger vers les plus âgés et les adultes. « Les laitières sont alimentées en premier. Dans l’idéal, il faudrait faire l’inverse mais nous avons fait le choix de les privilégier. Nous compensons par des abords maintenus propres. » Le travail de la matinée s’achève par le nettoyage des logettes. « L’autre entorse à cette marche avant est la distribution du foin aux plus jeunes après notre pause-café, détaille Sylvain. Si nous le faisions en même temps que les concentrés, elles repousseraient le foin pour les consommer et le gaspilleraient. Nous essayons d’allier biosécurité et bon sens. » Les éleveurs n’en oublient pas pour autant les règles d’hygiène : un point d’eau dans la zone « veaux » permet de nettoyer spontanément les bottes si elles sont souillées.

Ils reconnaissent que les trois unités de main-d’œuvre sur l’exploitation aident à cette répartition des soins. « Un investissement dans les bâtiments peut être l’occasion de réfléchir à une réorganisation, intervient Katia Alexandre. Pour le Gaec, l’installation de deux robots en 2015 a été le déclencheur. Elle a conduit à la création de la zone veaux. » La conseillère observe également que les deux robots au pignon de la stabulation évitent de recourir au passage d’homme en bout de cornadis. Les éleveurs et Angéline ne marchent pas sur la table d’alimentation avec des bottes ou des chaussures de travail éventuellement souillées. « Effectivement, nous accédons aux vaches par les robots ou par la laiterie juste à côté. Nous nettoyons systématiquement les bottes en ressortant », confirment-ils.
« Pensez à la gestion des effluents »
Sensibilisés au circuit des effluents d’élevage depuis la mise en route de leur méthaniseur il y a trois ans, Benoît et Sylvain s’astreignent à une gestion précautionneuse.

La mesure phare est un tracteur équipé d’un godet racleur uniquement dédié au rabotage deux fois par jour des déjections laissées au passage des deux racleurs de la stabulation laitière. Ils poussent le lisier vers un canal à 10 mètres du bâtiment. « Le tracteur est rangé à l’extrémité de la plateforme bétonnée et n’en bouge pas. » Les frères préparent un investissement de 30 000 € pour supprimer le curage des génisses par la table d’alimentation.

En revanche, ils n’ont pas de solution au chemin qu’empruntent à la fois le matériel de transport de leur litière et la mélangeuse.

Katia Alexandre intervient de nouveau : « Si les génisses ne peuvent être logées ailleurs que dans le bâtiment des adultes, il faut les installer en début de raclage. En fin de raclage, elles seront en contact avec les jus de leurs aînées, sources de contamination », complète Katia Alexandre. Les germes pathogènes peuvent aussi circuler via les rongeurs. Les éleveurs ont donc souscrit un contrat de dératisation.
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