La pénurie de vétérinaires est un phénomène croissant. Pour les praticiens exerçant en élevage, on parle même de désert dans certaine région. Un producteur laitier du Loiret nous confiait récemment que les vétérinaires près de chez lui refusent de venir dans son troupeau. Dans le même temps, les cliniques peinent à recruter et les praticiens en exercice en zone rurale sont parfois au bord du burn-out. Phénomène inquiétant : 48,9 % des vétérinaires qui ont quitté la profession en 2021 avaient moins de 40 ans. Déjà les quelque 640 étudiants formés chaque année par les quatre écoles nationales (Maisons-Alfort, Lyon, Toulouse et Nantes) ne suffisent pas à satisfaire la demande : 31,55 % des inscrits à l’ordre ont été formés hors de France. C’est dans ce contexte qu’a été créée la cinquième école vétérinaire : UniLaSalle Rouen, un établissement privé qui a accueilli ses 100 premiers étudiants en septembre 2022 (frais de scolarité : 13 500 € par an de la première à la troisième année, puis 17 500 €/an). Les prochaines promotions compteront 120 élèves. Sera-t-elle en mesure de motiver ses élèves à s’orienter davantage vers la rurale ?
Des épreuves collectives au concours
La sélection à l’entrée et déjà très différente des ENV publiques. Le recrutement se fait en post-bac et en présentiel. D’abord sur dossiers (via Parcoursup) pour évaluer les compétences académiques. Elles doivent être d’un très bon niveau (56 % de mention TB et 36 % de mentions B au bac pour la promo 2022). « Mais nous restons attentifs aux élèves motivés qui n’auraient pas pu exprimer leur potentiel au lycée », rappelle la directrice Caroline Boulocher. Ensuite les candidats sélectionnés participent à un concours sur le site, avec des épreuves collectives et individuelles (QCM), sous le regard des enseignants mais aussi de vétérinaires en exercice. « Ces épreuves évaluent la capacité à travailler en équipe, la rapidité d’esprit, les qualités d’observation, l’esprit critique. Les praticiens jugent déjà les personnalités avec lesquelles ils apprécieraient travailler. Je pense que nous écartons ceux qui fantasment la profession », explique Caroline Boulocher. Avec 75 % de filles dans cette première promotion, la domination féminine que connaissent les ENV se reproduit ici. « Nous aurons des ambassadeurs dans les lycées de province, qui s’adresseront aux jeunes garçons pour leur présenter la profession vétérinaire ».
Pas de clinique sans animaux de production
Dès la première année, les étudiants sont en contact régulier avec des élevages, bovins notamment. Ils passent aussi 4 semaines de stages en exploitation. L’enseignement clinique (auprès d’animaux malades) commence en 4e année. La 6e et dernière année d’approfondissement propose trois filières : la clinique, l’entreprise (agroalimentaire, pharmaceutique) ou la recherche. « Il n’y a pas de spécialisation clinique uniquement sur les animaux de compagnie, tous devront s’intéresser aux animaux de production », rappelle Caroline Boulocher. La directrice insiste aussi sur les 36 semaines de stage et le maillage de cliniques vétérinaires partenaires sur tout le territoire, « pour former nos étudiants à la diversité des élevages et des pratiques ». Dans le même esprit, l’équipe enseignante vient d’horizons très différents avec pour certains des cursus à l’étranger.
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